Mon étude la dernière fois était intitulée « Une Force qui porte ». Le titre de celle ci sera « Une Force bienveillante ». Nous allons voir maintenant cette force à l’œuvre dans le rêve de Salomon.
Je mettrai le vieux récit biblique au présent, pour le faire sortir des poussières du passé.
Nous voici il y a environ 3000 ans, en 950 av. J.-C., 1000 années se sont écoulées depuis Abraham. Ses descendants forment un peuple qui s’est installé sur la terre de Canaan annoncée à leur ancêtre.
David, leur roi, après 40 années de règne, sent sa fin approcher.
Devant « l’Eternel qui l’a délivré de toutes les détresses » (1) il a juré que son second fils Salomon lui succéderait. Il a donné la préférence à ce « jeune ado » de douze ans. Il le fait appeler et avant de mourir il lui donne ses derniers ordres, ses ultimes recommandations : (2)
« - Je m’en vais par le chemin de toute la terre. Fortifie-toi et sois un homme ! » Et le vieux roi lui demande de marcher fidèlement devant Dieu dans la droiture, de tout son cœur et toute son âme.
« Observe les commandements de l’Eternel ton Dieu, en marchant dans ses voies et en gardant ses lois…selon ce qui est écrit dans le livre de Moïse, afin que tu réussisses dans tout ce que tu feras et partout où tu te tourneras. »
Quelques années plus tard, Salomon s’allie par mariage avec la fille de Pharaon.
Puis, il décide de célébrer l’Eternel, ce dieu qu’il aime. Comme il n’y a pas de temple à Jérusalem, il se rend à Gabaon, où se trouve le haut-lieu le plus important pour cette cérémonie.
Le jeune roi offre un sacrifice grandiose : rien de moins que mille bêtes, ovins et bovins, disparaissent en holocaustes, c’est à dire qu’elles sont entièrement consumées par le feu sur l’autel. Rien n’est récupéré : ni la peau, ni les cornes pour les utiliser, ni la viande pour s’en nourrir. C’est une perte pure et simple.
Dans l’antiquité, un sacrifice a souvent lieu dans un but intéressé, on établit un marché et l’animal offert est la monnaie d’échange pour obtenir la faveur du dieu. Cependant, ici, la perte est trop énorme pour que le marché paraisse même équitable : pour un peuple de pasteurs, sacrifier 1000 têtes de bétail, cela représente une immense perte à court et à long terme, un manque à gagner incalculable, un renoncement total à des gains futurs.
On peut ainsi affirmer avec juste raison que pour débuter son règne Salomon fait vraiment un don d’amour à l’Eternel, comme le souligne l’écrivain biblique.
Voilà donc un tout jeune homme qui semble déjà faire preuve d’une grande qualité : il se montre désintéressé et n’a pas peur de perdre des biens matériels.
Après la cérémonie, Salomon passe la nuit à Gabaon. Et là il reçoit un rêve.
Dans le rêve, Dieu va le mettre à l’épreuve. Le fils de David est-il vraiment aussi désintéressé qu’il veut le faire paraître ? Pourquoi a-t-il décidé un sacrifice aussi énorme ? Est-ce vraiment pour donner à l’Eternel la preuve de son amour ? N’a-t-il pas tout de même une idée derrière la tête ?
Le rêve organise alors un scénario où les véritables motivations du roi vont se révéler. Un dialogue s’instaure et Dieu va « sonder les entrailles » du dormeur.
Rêve
Dieu lui apparaît et lui dit :
« - Demande ce que tu veux que je te donne.
Et Salomon dans son rêve répond :
-Tu as témoigné une grande bienveillance à ton serviteur David mon père, parce qu'il vivait fidèlement selon ta volonté, de façon juste et avec un cœur droit. Tu lui as conservé cette grande bienveillance et tu lui as accordé un fils qui siège aujourd'hui sur son trône.
Maintenant, Eternel mon Dieu, c'est toi qui m'as fait régner, moi ton serviteur, à la place de mon père David, alors que je ne suis encore qu'un petit adolescent et que je ne sais pas gouverner.
Voilà ton serviteur au milieu de ton peuple que tu as toi-même choisi, un peuple nombreux qui ne peut être dénombré ni compté, tant il est nombreux.
Veuille donc donner à ton serviteur un cœur intelligent pour administrer la justice pour ton peuple, afin qu'il sache discerner entre le bien et le mal ! Sans cela, qui pourrait administrer la justice pour ton peuple qui est si nombreux ?
Regardons cette réponse :
Elle met en évidence différentes qualités :
- Salomon est capable de gratitude : il est conscient de tout ce que Dieu lui a accordé, il le reconnaît et souligne deux fois combien Dieu s’est montré bienveillant envers lui et son père.
- Il est aussi remplie d’humilité : il vient d’arriver au pouvoir et se rend bien compte de son inexpérience, de la faiblesse de son jugement pour discerner le bien du mal et rendre justice.
- Il a le sens de ses responsabilités, le souci de gouverner dans l’intérêt de son peuple.
- Enfin, il n’exerce pas le pouvoir pour servir ses intérêts personnels, il se présente comme le serviteur de son divin interlocuteur.
Rendre grâce à Dieu des faveurs qu’il lui accorde, Le servir, servir Son peuple, voilà les désirs qui anime le jeune roi au plus profond de lui même. Oui, vraiment le petit jeune homme inexpérimenté est un homme désintéressé, qui aime le Seigneur son Dieu de tout son cœur et de toute son âme.
Quelle est la suite du rêve. Comment Dieu réagit-il ?
Cette demande de Salomon plait au Seigneur.
Alors Dieu lui dit :
- Puisque c'est là ce que tu demandes, et que tu ne demandes pour toi
ni longue vie,
ni richesse,
ni la mort de tes ennemis,
mais l'intelligence nécessaire pour exercer la justice avec droiture,
eh bien, je vais réaliser ton souhait.
Je te donnerai un cœur sage et intelligent, comme à personne dans le passé, ni dans l'avenir.
De plus, je t'accorde ce que tu n'as pas demandé :
la richesse et la gloire, de sorte que pendant toute ta vie aucun roi ne t'égalera.
Enfin, si tu marches dans les chemins que j'ai prescrits, si tu obéis fidèlement à mes lois et mes commandements, comme ton père David, je prolongerai tes jours.
Salomon se réveille avec ce rêve présent à l'esprit. Il rentre à Jérusalem, il offre de nouveaux des sacrifices d’actions de grâce et fait un festin à tous ses serviteurs.
Jamais aucun roi d’Israël n’eut un règne aussi brillant que celui de Salomon. Il fit construire le temple de Jérusalem, il assura à son peuple la paix et la prospérité.
Nous verrons la prochaine fois comment ce dieu bienveillant peut aussi fort bien changer d’attitude.
Bibliographie
(1) La Bible 1 Rois, 1, 29
(2) 1 Rois, 2, 3