DIABOLIQUE
Chers blogueuses et blogueurs
Je viens répondre sur mon blog à Pascal dont le commentaire m’a beaucoup intéressée. Vous le trouvez dans les commentaires du texte précédent. Il y apparaît une problématique qui est celle de nombreux d’entre nous.
Voici donc ma réponse :
Bonjour Pascal,
Je vous remercie d’intervenir amicalement sur mon blog et de proposer votre interprétation.
C’est aussi un mouvement amical qui m’autorise à vous répondre et même à vous répondre vigoureusement.
J’ai lu avec beaucoup d’attention votre interprétation, qui ne m’apparaît pas justifiée.
Votre message semble très courtois et apparemment logique, mais votre logique à l’examen s’avère manipulatrice : en effet elle vous permet de glisser des accusations très graves qui me semblent problématiques, voire inquiétantes :
1 ) Regardons d’abord les mots que vous employez au sujet de la réussite du rêveur.
« Arrivisme, succomber à la tentation, arrivisme gourmand, arriviste sans scrupules, valeurs perverses, usage diabolique et diable».
Voilà les termes avec lesquels vous qualifiez le fait de bénéficier d’avantages qui sont habituels et normaux ! Ces avantages, que Chrisdocti hésite à prendre, sont inhérents à la fonction du chef d’entreprise, Chrisdocti ne vole de l’argent à personne.
Quelles sont les images dans le rêve qui justifient ce jugement aussi violent, cette diabolisation ? Il n’y en a aucune !
En quoi est-il « plus sain », plus « moral » pour le patron de se sous-payer, de ne pas s’accorder le salaire correspondant à ses mérites ?
Si l’employé sous-payé qui ne touche pas ses primes était Chrisdocti, vous pousseriez des hurlements en accusant le patron.
C’est justement parce que Chrisdocti a un complexe à l’égard de l’argent et se traite comme un employé sous-payé que le rêve vient le réorienter.
2 ) Regardons ensuite votre jugement au sujet des caresses :
Je suis surprise et même choquée de vous voir condamner la caresse délicatement érotique que donne la femme en soufflant dans la région anale du rêveur.
Pour vous, ce serait faire un usage diabolique du souffle vital ! Pouvez-vous m’expliquer ce que cela veut dire ?
Qui est le diable ? Qui a mis le diable dans la sexualité ? Certainement pas l’inconscient ni le Kama Sutra qui considèrent que la relation charnelle est sacrée et conduit à l’expérience de la divinité !
( voir mon livre « Amour et sexe dans vos rêves »)
Vous semblez jungien, vous n'êtes donc pas sans savoir que l’anus symbolise souvent la bouche de l’inconscient qui s’exprime par les excréments qui deviennent de l’or. J’ai traité ce sujet sur mon blog en juin et juillet 2007.
Les explorateurs du monde intérieur, les alchimistes disent :
« Il est extrait d’un endroit méprisable », l’anus, et « In stercore invenitur » : « on le trouve dans les excréments ». Quoi donc ? La puissance créatrice divine qui se présente sous sa forme la plus basse, dans ce que l’on méprise en soi. Et voilà ce que stimule la femme du rêve.
3 ) Je ne comprends pas votre jargon
Vous parlez de l’âme ou anima très intéressée du rêveur. Je n’emploie jamais de mots tirés du jargon de spécialiste sans les définir et je voudrais savoir ce que vous désignez sous le terme d’anima. Les blogueurs ne sont pas forcés de le savoir.
Vous dîtes :
« Il s’éloignerait ainsi de sa propre âme ou anima en se laissant captiver par une inspiratrice intérieure moins morale. »
Quelle image dans le rêve vous autorise-t-elle à parler de 2 âmes, la mauvaise Carla et la propre bonne âme du rêveur ? Le rêve montre-t-il une autre femme ? Votre hypothèse ne repose sur rien.
De même vous parlez de l’ombre négative. Qu’est-ce que l’ombre ? Qu’est-ce qu’une ombre positive et une ombre négative ?
Où voyez-vous l’ombre positive dans le rêve ?
Votre démonstration repose sur un système soit disant jungien, avec lequel vous plaquez des raisonnements injustifiés au lieu de vous limiter à l’analyse exacte des images du rêve.
En fait, vous manipulez, tordez, pervertissez l’interprétation pour la faire convenir à vos conceptions à vous.
Cependant l’interprète de rêves doit être vide de tout préjugé et de toute conception personnelle. Il doit être capable d’accueillir et traduire courageusement le rêve, même si le message est contraire à ses opinions.
C’est ce qui fait la difficulté du rêve, dont le point de vue diffère de celui du conscient. C’est sa nature, puisqu’il vient compenser le point de vue conscient limité et insuffisant. L’inconscient avec le rêve a en effet pour fonction de proposer des informations et des conseils que le conscient est incapable de concevoir. Le conscient se trouve alors élargi, vivifié, porté, par l’apport d’éléments opposés et complémentaires.
Conclusion
Je trouve déjà inquiétante votre façon de diaboliser le profit qui vous paraît obligatoirement abusif.
Je trouve encore plus inquiétante votre façon de diaboliser la caresse érotique.
En fait, vous diabolisez le plaisir.
Votre analyse, Pascal, me semble relever de la névrose dite chrétienne, même si vous n’êtes pas chrétien.
L’expression « diabolique » que vous employez le montre clairement : Votre conception du monde est dualiste, dissociée, entre lumière et ombre. Il y a d’un côté un bon dieu lumineux et blanc, correspondant strictement à votre morale, et de l’autre le diable ténébreux et noir caractérisant tout ce qui ne convient pas à votre morale à vous.
Vous donnez l’impression que vous connaissez l’œuvre de Jung, vous employez les termes jungiens, comme anima, ombre. Mais ne serait-ce pas là qu’une apparence, comme c’est fréquemment le cas ?
Vous devriez savoir combien Jung dans toute son œuvre s’est élevé contre cette conception dualiste de la vie qui rend névrosé, ou même schizophrène. Grâce à son étude des rêves qui l’ont conduit à l’alchimie, Jung a montré que plus on accentue la lumière, plus l’ombre se fait obscure, plus la dissociation devient grave et dangereuse. C’est le rêve qui vient justement résoudre cette dissociation pathogène et réconcilier les contraires.
C’est ce que je constate de façon permanente avec les rêves, et le rêve de Chrisdocti en est un exemple intéressant. L’inconscient conseille à notre rêveur de concilier le côté blanc, apollinien moralisateur de l’Eglise, trop présent chez lui, avec le dynamisme noir et dionysiaque du plaisir, qui lui manque.
C'est dans cet équilibre entre les contraires que jaillit la force et l'épanouissement de la vie.
Je pense donc que vous n’avez pas compris les explications du grand psychiatre qui soignait les âmes avec les rêves.
Ce que je viens de dire est expliqué très clairement
- dans les formidables livres de Jung :
« La sy