FICHE 21
DE GRÂCE, FUYEZ LA FACILITÉ
MĖFIEZ-VOUS DES INTERPRĖTATIONS SYSTĖMATIQUES
Nous avons vu la dernière fois comment la technique de l’interview nous amenait à déchiffrer et comprendre l’image d’un lieu, une petite rue sombre, dans le rêve d’Héléna.
Regardons maintenant un autre rêve où il est également question d'une petite rue sombre.
Le magazine Metropolitan publiait en novembre 2006 un article sur les rêves érotiques : "Rêves de femmes, faut-il oser les fantasmes ?" Il y citait des extraits du livre que la psychanalyste Sophie Cadalen venait de publier sous ce même titre.
Parmi les rêves interprétés, j'en ai choisi un qui présente les mêmes image que le rêve d' Héléna que nous venons de voir : la rêveuse Caroline se trouve aussi dans une petite rue sombre avec un homme.
Rêve n° 57 : Un homme dans une petite rue sombre
"J'étais dans une ruelle sombre et humide. Je n'ai pas vu arriver l'homme qui m'a enlacée : il m'a doucement, mais fermement plaquée contre le mur...Il m'a fait l'amour sans un mot...Je me laissais faire et c'était bon."
Interprétation de la psychanalyste :
"Une ruelle sombre et étroite dans laquelle entre un homme, c'est bien le récit de la pénétration".
Ma remise en question :
Examinons différents points :
- La formulation de la psychanalyste manque absolument de rigueur : rigoureusement parlant, la ruelle n'est pas le récit de la pénétration, elle est le lieu de la pénétration, je dirai plus précisément la rue représente le lieu de la pénétration, c'est à dire le vagin, selon la psychanalyste.
- Dans le rêve il n'y a pas de pénétration, la rêveuse n'a pas vu l'homme entrer, arriver dans la rue, qui symboliserait le sexe féminin. C'est la psychanalyste qui change l'image à sa convenance.
Faisons donc les vérifications :
- En quoi peut-on se permettre d'affirmer qu'une ruelle serait comparable au vagin ?
Si la ruelle est le vagin, en quoi ce dernier est-il forcément humide ?
- Si la ruelle est bien le vagin, alors qu'est-ce que fait ce mur dans la ruelle, ce mur dans le vagin, contre lequel l'homme plaque la rêveuse ?
Cette approche ne présente aucune cohérence. Mais le rêve, lui est cohérent et ne raconte pas n'importe quoi.
Nous avons vu, n'est-ce pas que, comme me l’a dit lui-même un rêve :
Le rêve est de "la poésie mathématique".
Qu’est-ce que cela veut dire ?
Cela veut dire que la métaphore, l’image poétique proposée par le rêve correspond à la réalité matérielle, concrète, vécue par la rêveuse ou le rêveur, et ce avec une exactitude mathématique.
Eh bien !
Eh oui !
Voici mon analyse :
Je procéderai de la façon suivante :
Puisque je ne peux pas interviewer la rêveuse, je me contenterai des définitions admises par tout le monde.
Une ruelle
Qu'est-ce qu'une ruelle, ( définition) et une ruelle sombre ?
Ruelle : Définition : Une ruelle est un endroit en dehors de la maison, dans la vie extérieure. C'est un endroit de passage de petite taille, momentané, qu'on emprunte pour aller d'un point à un autre.
- Sombre : on n'y voit pas bien clair.
- Humide : L'humidité marque un excès d'eau.
L'eau dans les rêves représente souvent les émotions et les sentiments, les affects, alors que le sec symbolise un esprit sec, rationnel, insensible.
Envisageons alors l'hypothèse que l'humidité ici pourrait indiquer une forme de sentimentalisme. La rêveuse serait-elle sensible, pleine d'empathie, de gentillesse, voire un peu trop ? La rêveuse ne réagirait-elle pas assez vigoureusement, pas assez sèchement dans certaine situations ?
La ruelle sombre désignerait alors une situation, où la rêveuse Caroline ne verrait pas bien ce qui se passe, (rue sombre), elle mettrait trop de gentillesse (humidité) dans ses relations dans le monde extérieur, dans la vie quotidienne.
Je n'ai pas vu arriver l'homme qui m'a enlacée
Un homme :
Définition : de par sa constitution physique l'homme a son sexe à l'extérieur de son corps. (1 voir l’étude de l’homme sur le blog) Quand le membre viril est en activité, il est dur et énergique. Comme nous l'avons vu, un homme représente une façon de s'affirmer dans le monde extérieur qui reste ferme, ne se laisse pas fléchir et se bat.
Le rêve invite Caroline à prendre conscience qu'elle a ce côté masculin en elle, qu'elle est capable d'être énergique et ferme.
Disons en passant que c’est ce côté masculin de la femme que Jung a appelé « l’animus ».
Il a appelé le côté féminin chez l’homme « l’anima »
Il m'a plaquée contre le mur.
Le mur :
Définition : Un mur est un obstacle, une opposition à avancer, une limite à ne pas franchir. Un mur correspond à un "Non ! Interdit de passer !"
Je reprends ces analyses :
La rêveuse se trouverait alors dans un moment dans sa vie extérieure quotidienne où règnent trop de gentillesse, trop de sensibilité ; elle ne voit pas bien comment r