Dans ma précédente étude, j’ai montré que le rêve conseillait à Loren d’exprimer sa colère. Quand, quelques jour plus tard, elle a senti monter en elle cette émotion instinctive qu’elle refoulait toujours, elle a suivi le conseil de son rêve, elle a exprimé sa colère à son mari.
Alors…ô paradoxe ! Son émotion dite négative a provoqué chez son mari une émotion positive, il l’a prise dans ses bras avec amour. Loren s’est senti libérée, dynamisée, heureuse.
Examinons la situation :
Soutenir que la colère est une émotion qui peut être saine, voilà qui contredit les enseignements du Dalaï Lama et du bouddhisme.
Selon cette philosophie, en effet, la colère conduit à la dépression, à la solitude et la peur, à la souffrance. Le mental est intelligent, tandis que l’émotion est aveugle. C’est l’intelligence qui permet de faire la distinction entre les émotions positives et négatives. Pour supprimer la souffrance et connaître le bonheur il convient donc de vivre selon un système éthique : supprimer les émotions négatives, comme la colère, la haine, la jalousie, l’égoïsme, par exemple, et cultiver les émotions positives, comme la compassion, l’amour, la tolérance, le pardon.
Que dire alors de l’immense colère qui a déferlé dans toute l’Inde et dans le monde entier, quand une étudiante de 23 ans est morte, après avoir été violée et abominablement empalée par 6 hommes dans un autobus à New Delhi ?
Cette vague d’émotion, cette révolte généralisée conduira-t-elle donc à la souffrance ? Ne pourrait-elle pas au contraire amener à une prise de conscience, amener à aimer la femme et la respecter, amener à vivre un peu plus de bonheur ?
Devrait-on se forcer à manifester de la compassion, de l’amour à ces tortionnaires ?
C’est ce que le guru Asaram Bapu a déclaré :
«L'erreur n'a pas juste été commise par un camp. Cette tragédie ne se serait pas produite, si la victime avait chanté le nom de Dieu en tombant aux pieds de ses assaillants et si elle avait appelé ses agresseurs des frères et s'était jetée à leurs pieds »
Mais revenons aux rêves :
Je soutiendrai aujourd’hui cette étude sur le bouddhisme en vous présentant un rêve que reçut une Polonaise, Anna, également disciple du dalaï lama. C’est Ewa, mon élève et amie, polonaise elle aussi, qui me l’a transmis.
Rêve
Je vois le dalaï lama assis sur un coussin. On dirait qu’il est infirme. A coté de lui je vois une canne ou une béquille et derrière, un peu plus loin, des personnes qui restent debout et qui attendent de le rencontrer. Je me précipite vers lui pour l’aider à se relever, mais au moment où je me suis approchée de lui, j’ai constaté qu’il n’était pas tout seul.Autour de lui se tenaient des gardes du corps, ce qui voulait dire que dalaï lama est entouré de gens sur qui s’appuyer.
Je ne me souviens plus si j’ai eu l’honneur de lui serrer la main mais … je marchais à ses cotés et nous discutions.
Commentaire de la rêveuse :
Bien évidemment, une fois réveillée, je ne me souviens plus du sujet de notre conversation mais je suis sûre d’une chose : ce n’était pas une projection d’esprit, ni mon imagination. Pendant plusieurs jours qui ont suivi mon rêve j’étais dans un état d’excitation particulière, plongée dans une sorte de béatitude. J’ai dégagé de l’intérieur une lumière.
Malheureusement tout a disparu.
Par contre je peux vous assurer que j’ai ressenti le même calme intérieur, la même sérénité, un immense sentiment d’amour et de joie lorsque j’avais rêvé de Sri Ravi Shankar.
Etudions maintenant les images de ce rêve
La question se pose : La rêveuse rencontre-t-elle le dalaï lama dans une expérience objective, réelle en rêve, ou bien le dalaï lama du rêve est-il une représentation symbolique, subjective ?
Pour la rêveuse, il s’agit d’une expérience réelle. Cependant l’image du maître représente également un dynamisme intérieur dans la rêveuse. Quoi qu’il en soit, la signification du rêve reste la même. Voyons :
Je vois le dalaï lama assis sur un coussin.
Le célèbre tibétain est assis, dans la position où il transmet ses enseignements.
Au niveau symbolique, l’image de cet homme représente le principe spirituel qui guide Anna dans ses choix. Elle vit selon les préceptes du chef bouddhiste.
On dirait qu’il est infirme..
Que veut dire infirme ?
Le mot vient du latin « infirmus ». Il est formé du préfixe privatif « in » devant l’adjectif firmus. In indique le manque : « in – justus », injuste, « in – docilis », indocile.
« Firmus » en latin signifie : fort, ferme, dur, solide, consistant, résistant, efficace.
In - firme signifie donc qui manque de force : faible ; qui manque de fermeté : mou, qui manque de solidité : fragile, douteux, maladif ; à quoi viennent s’ajouter les adjectifs in-efficace et in-consistant.
Ainsi, d’emblée, le rêve met en doute la validité des enseignements de ce maître spirituel.
Je vois une canne ou une béquille
Le rêve insiste sur l’image : une des jambes est handicapée, créant un déséquilibre entre la droite et la gauche. Il est impossible au saint homme d’être autonome ; sans aide il ne peut ni se tenir debout ni marcher, ni agir seul correctement sur la terre, du fait d’une incapacité à assurer un équilibre entre les deux parties de son être, dans l’alternance des contraires : à la douceur et la compassion manquent la fermeté, la dureté, la force, la consistance, l’efficacité. Le dalaï lama est le représentant de toute une philosophie et de principes que le rêve par conséquent considère boiteux et invalides.
L’image est sans appel.
Je vois un peu plus loin, des personnes qui restent debout et qui attendent de le rencontrer.
Je me précipite vers lui pour l’aider à se relever.
Anna veut relever le dalaï lama et son enseignement.
A quoi le rêve fait-il allusion concrètement ? Cet empressement correspond-il à une activité précise dans la vie quotidienne de la rêveuse ? En effet, Anna explique que le jour précédent, elle a envoyé ses cartes de vœux pour Noël et le Nouvel An. Reniant ses racines spirituelles chrétiennes millénaires, elle a remplacé la traditionnelle carte qui célèbre l’incarnation du divin dans l’homme, la naissance du Christ, par des photocopies des préceptes bouddhistes arrivés dernièrement du Tibet.
Immédiatement le rêve vient commenter son choix de la veille : en faisant du prosélytisme, la rêveuse a essayé de relever, de faire avancer la spiritualité d’un maître boiteux et handicapé.
…mais au moment où je me suis approchée de lui, j’ai constaté qu’il n’était pas tout seul. Autour de lui se tenaient des gardes du corps, ce qui voulait dire que dalaï lama est entouré de gens sur qui s’appuyer.
Le rêve indique clairement que le maître spirituel n’a pas besoin de son aide à elle.
… Je ne me souviens plus si j’ai eu l’honneur de lui serrer la main, mais je marchais à ses cotés et nous discutions.
La main