Chers amis,
Non, je ne vous ai pas oubliés, tous les jours je pense à vous.
Non, je ne me repose pas, je n’arrête pas d’écrire et de travailler et pourtant je n’ai rien déposé pour vous sur mon cher blog depuis plus de deux mois.
Aujourd’hui j’ai décidé de m’arrêter et de vous donner quelques nouvelles.
Les journalistes s’intéressent aux rêves, c’est une mode qui va et vient. Pour l’instant elle vient. C’est ainsi que dernièrement, plusieurs journalistes ont visité mon blog pour se renseigner sur les rêves et mon travail d’interprétation, qui leur a semblé valable.
En janvier c’est le journaliste Christophe Doré, grand reporter au Figaro Magazine.
Il m’écrit pour me dire qu’ il a repris mon étude du rêve de Jules César (1) pour la mentionner dans son article sur le thème « Ce que disent nos rêves ».
Je vous donne un extrait :
Christophe Doré souligne que les neurosciences sont impuissantes pour comprendre le sens des rêves et écrit :
« …ces avancées dans le domaine des neurosciences n'ont guère permis aux psychiatres et psychanalystes de progresser sur l'analyse des rêves, chère à Freud et à Jung, comme outil thérapeutique. «Même si les rêves partagent des traits communs, le contenu d'un rêve reste unique et son sens relève d'un champ auquel les méthodes et les outils des neurosciences ne permettent pas d'accéder», regrette Elizabeth Hennevin, professeur de neurosciences à Nanterre. »
Le journaliste oppose ensuite Tobie Nathan et Christiane Riedel et sa réflexion finale n’est pas faite pour me déplaire :
«L'interprétation reste une question compliquée, ajoute Tobie Nathan.
Un rêve ne peut pas se démonter avec exactitude. Il ne permet pas de dire que telle chose signifie toujours telle autre. On trouve rarement des significations directes. Le problème provient du fait qu'il existe autant d'éléments possibles dans les rêves que d'idées dans le monde.»
L'anecdote d'un rêve de Jules César, relaté par la thérapeute Christiane Riedel, fondatrice de l'académie pour l'interprétation des rêves, est amusante à ce titre. A 31 ans, Jules César n'est encore que magistrat en Espagne. Il rêve alors qu'il viole sa mère. Troublé, il va interroger un prêtre qui donne sa vision: César violera Rome, sa mère-patrie, en lui imposant sa volonté malgré les résistances de la cité. Suétone va même plus loin enaffirmant que les prêtres «déclarent que ce rêve lui annonce l'empire du monde, cette mère, qu'il a vue soumise à lui, n'étant autre que la Terre, notre mère commune». César prendra rapidement le chemin de Rome pour la destinée qu'on lui connaît.S'il avait consulté un psy, peut-être aurait-il conclu à une tout autre interprétation et plutôt débouché sur vingt ans d'analyse! »
Vous pourrez lire l’article complet sur le site du Figaro
http://sante.lefigaro.fr/actualite/2014/01/24/21896-science-enquete-sur-sens-reves
Début février, c’est une autre journaliste du Figaro, Assma Maad, qui m’envoie un mail.
Elle me demande mon avis sur un article du magazine américain « Slate » au sujet d’une étude publiée dans la revue Journal of Sleep. Cette étude révèle que « les hommes ont tendance à rêver de tremblements de terre et les femmes songent à leur relation. »
J’ai considéré que cette étude n’avait rien de scientifique. Elle se fonde sur les rêves de quelques centaines de personnes au Canada et prétend être valable pour les milliards de rêves qui sont rêvés chaque nuit par des milliards de personnes sur la terre. Pour cette raison et d’autres, l’article du journal Slate ne m’a pas paru sérieux.
Vous pourrez vous faire votre propre opinion avec ce lien :
http://www.slate.com/blogs/xx_factor/2014/02/03/nightmare_study_men_dream_about_natural_disasters_women_dream_about_relationships.html?wpisrc=burger_bar
Fin janvier, l’attachée de production de France Inter, Elodie Piel, me contacte.
Elle m’invite le mercredi 5 mars à l’émission de Guillaume Erner « Service public », de 10 h à 11h.
Je m’y suis donc rendue et l’émission s’est bien déroulée. Vous pourrez l’entendre avec le lien suivant :
http://www.christiane-riedel.fr/France_Inter.mp3
Tout au long de l’émission, j’ai apprécié le dynamisme de Guillaume Erner pour rythmer et varier son émission, et surtout sa courtoisie : il a en effet plusieurs fois cherché à me donner la parole en face des deux autres invités qui prenaient largement leur place.
Guillaune Erner avait réuni des personnes d’avis très différents.
Sur le plateau se trouvaient donc en face de moi Serge Hefez, psychiatre et psychanalyste, un homme habile et brillant.
Voici quelques uns de ses propos que vous pourrez écouter à 14 : 54. Il explique :
« Un rêve sans interprétation est comme une lettre qui n’a pas été lue.
Il y a deux aspects dans le travail de Freud, l’aspect symbolique avec ses grands symboles universels, le chapeau… »
Guillaume Herner l’interrompt :
- Vous y croyez , vous ? Serge Hefez reprend :
« - Je trouve que ça n’a pas beaucoup d’intérêt. L’apport de Freud c’est la force de l’interprétation, justement ce travail de déchiffrage, c’est à dire ce qui se passe entre le psychothérapeute et le patient, c’est un travail de rencontre. » (C’est moi qui souligne.)
Quant à moi, je reviens sur les symboles freudiens dits universels que le psychiatre ne trouve pas intéressants et je lui demande :
« - Mais Monsieur, en tant qu’homme, dîtes-moi, est-ce qu’un couteau c’est un sexe ? »
La réponse est fuyante :
« - Pas forcément, ça peut l’être, ça peut ne pas l’être… »
Mr Hefez, qui ne paraît pas avoir un sens très exact de l’analogie, poursuit :
« - C’est exactement ce que je suis en train de vous dire : l’interprétation des rêves est un travail qui se fait à deux et le travail de Freud sur le transfert et l’interprétation est beaucoup plus intéressant que le travail de déchiffrage symbolique des rêves qui est un petit peu tombé aux oubliettes. »
Je dois dire que je ne comprends pas :
Quel est cet apport de Freud, cette force de l’interprétation, ce travail de déchiffrage dont il parle ?
Quelle est la différence entre le travail de l’interprétation et le travail de déchiffrage symbolique des rêves ? De quelle interprétation parle donc Mr Hefez ? Qu’est-ce que ce travail sur le transfert et l’interprétation ?
Voilà une habile récupération des mots et un mélange qui jettent la confusion.
De ces échanges j’ai retenu ceci :
Actuellement le psychothérapeute centre son travail sur la relation avec le patient, la célèbre relation appelée « transfert ».
Il n’est donc plus question d’interpréter les rêves, tel que j’en comprends le travail et le pratique.
Qu’on le dise alors bien haut. Si j’ai bien compris, Mr Hefez a l’immense mérite de faire une déclaration très honnête :
Maintenant les psys, au moins les freudiens, n’interprètent plus les rêves.
Et je demanderai : Pour la majorité d’entre eux, l’ont-ils jamais fait ?
Et hop, le tour est joué : comme on est incapable d’interpréter un rêve, on déclare que « le transfert est le véritable travail d’interprétation » ( ça veut dire quoi ?), que « le déchiffrage des symboles du rêve n’est pas intéressant » et ne sert à rien, la thérapie a donc lieu sans lui ! Et