Les excréments dans les rêves peuvent prendre des sens variés, voire opposés, selon les rêveurs et les circonstances. J’essaie donc dans mon exposé ici de vous en parler de façon aussi simple et claire que possible.
Les selles des rêves peuvent désigner, comme nous l’avons déjà vu des besoins, des envies, qui ne sont pas négatifs, mais que vous vous refusez de satisfaire, des choses que vous n’osez pas dire ou faire.
A côté de ce sens positif, les selles peuvent aussi prendre un sens très négatif et désigner des réalités difficiles ; ce peuvent être par exemple des pensées, des émotions, des souvenirs qui vous blessent et qu’il faut évacuer pour vous soulager de votre accablement, et repartir plus légers. Et c’est une nécessité vitale.
L’histoire de Philippe, un homme dans la soixantaine, viendra illustrer mon propos. Je le connais depuis longtemps et j’éprouve pour lui une certaine admiration. Il m’a téléphoné dernièrement pour me parler de son rêve qui l’a laissé impressionné.
Rêve : Philippe ! Tire la chasse d’eau !
Je me trouve dans la maison de mon enfance. Je suis dans le couloir, je viens d’aller aux toilettes.
J’entends alors ma mère qui me crie d’une autre pièce, comme comme quand j’étais gamin :
« - Philippe, n’oublie pas de tirer la chasse d’eau ! »
Je me suis réveillé interloqué, me demandant, pourquoi ma mère, morte depuis longtemps me parlait, pourquoi j’avais un rêve pareil.
Interprétation
La maison d’enfance
Philippe m’explique que c’est la maison où il a grandi, et où il a appris, au sein de sa famille, à supporter les difficultés quotidiennes, nombreuses pendant et après la guerre de 39-45. Il se souvient, me dit-il, qu’il a souffert des privations ; par exemple, comme beaucoup, il a manqué de sucre.
Le sucre ? C’est pour lui un moment de douceur, de tendresse.
A moi de récapituler maintenant ces associations : je lui demande :
« - Philippe, dîtes-moi, à quoi cela vous fait-il penser, actuellement, au moment de votre
rêve, une situation comme celle de votre enfance, où vous supportez des difficultés au sein de votre famille et souffrez d’un manque de sucre, de douceur, de tendresse ?
Philippe se tait, je sens que ma question l’a touché.
- J’ai beaucoup de difficultés en ce moment avec ma fille Anaïs. Depuis qu’elle est allée voir un psy, tout est détraqué dans la famille. Elle me déteste, elle me hait.
- Vous en connaissez la raison ?
La voix de Philippe devient sourde, sombre.
- Le psy l’a convaincue qu’elle a subi des attouchements sexuels de ma part quand elle était petite. J’ai demandé à son psy de lui parler, il a refusé de me recevoir.
Anaïs veut que je lui demande pardon. Le psy lui a dit que c’est la seule façon de la libérer de son traumatisme. »
La voix s’étrangle.
Silence, puis un bruit …et je comprends que Philippe est secoué de sanglots, son cœur de père humilié, brisé, écrasé.
Il se reprend et s’écrie :
« - Je ne demanderai jamais pardon !
La voix s’affermit, elle monte, et tout d’un coup éclate :
- Jamais je ne demanderai pardon pour une chose que je n’ai pas faite !
Vous savez, poursuit-il, le psy a convaincu Anaïs que sa mère avait voulu la tuer et ma femme lui a demandé pardon à genoux.
Mais moi je refuse, ça me dégoûte, ça me révolte.
Je me permets de demander :
- Mais quelles sont les preuves sur lesquelles Anaïs s’appuie ?
- Elle n’a aucun souvenir personnel, c’est le psy, qui, en examinant sa signature, lui a expliqué que celle-ci révélait un traumatisme subi par les attouchements de son père, et elle l’a cru.
Mon Dieu !
Voilà une image apparemment si simple qui révèle des blessures si douloureuses !
Philippe traverse une épreuve qui équivaut à une guerre dans la famille. La haine de sa fille le bouleverse, il ressent douloureusement son manque d’affection.
Je continue mon travail qui consiste à regarder le rêve. Revenir au rêve. Que dit le rêve ?
Je reprends :
Avoir été aux toilettes
Philippe, comme dans la maison de votre enfance, vous souffrez, en ce moment, du manque d’affection, pour parler plus exactement de la haine que votre fille manifeste à votre égard. Dans votre rêve, vous venez de sortir des toilettes. A quoi cela correspond-il, concrètement, le fait d’avoir été aux toilettes ? C’est quoi pour vous aller aux toilettes ?
Les toilettes
- Les toilettes, c’est l’endroit où je fais mes besoins, c’est là que j’élimine les selles, ce que mon corps rejette, parce que c’est inassimilable, il ne peut pas les digérer.
- Et actuellement, dans ces circonstances difficiles, éliminer ce que vous ne pouvez pas digérer, c’est quoi pour vous ?
- Ce que ne peux pas digérer, ce que je n’admets pas, c’est toute cette histoire malpropre, cette diffamation intolérable. Je viens d’avoir un entretien avec ma fille, je lui ai déballé tout ça, je l’ai mis sur le tapis pour en parler ouvertement. Oui, on peut dire que je lui ai sorti tout ce que j’avais sur le ventre. La discussion a été houleuse. Je lui ai signifié que je ne me soumettrai jamais à cette odieuse mascarade suggérée par son psy. Jamais !
Dans le couloir
Le couloir est lieu de passage. Philippe maintenant se trouve dans un moment de transition qui va le mener à autre chose.
J’entends ma mère qui me crie d’une autre pièce
- Ma mère, dit-il, elle est morte depuis longtemps, c’est pour cela que le rêve m’a tant ému et impressionné. Ma mère était une femme droite et courageuse, elle a pris soin de moi, elle a veillé sur moi, elle m’a éduqué, m’a appris comment me comporter dans la vie.
Que représente cette figure féminine maintenant dans la vie de cet homme ?
C’est sa sagesse, la force intérieure qui l’habite et le guide. Comme quand il était enfant, elle lui rappelle une règle basique de l’éducation :
« Philippe, tire la chasse d’eau ! »
Tirer la chasse d’eau, c’est évacuer les excréments, faire disparaître toute trace de saleté, faire en sorte que rien ne reste, rien ne reste de l’humiliation, de l’opprobre qui a été jetée sur lui. Il faut que Philippe, désormais, ne pense plus à cette sale affaire. Il ne doit pas oublier la nécessité d’un acte d’hygiène quotidienne pour lui-même comme pour les autres : laisser des toilettes propres, évacuer des résidus malséants. L’atmosphère autrement en deviendrait nauséabonde.
Pour le rêve, toute cette histoire c’est de la merde, dont il faut se débarrasser complètement.
Que s’est-il passé depuis ?
Anaïs est restée bloquée, tournée vers le passé, ruminant sa haine et ses idées stériles.
Philippe, grâce à son rêve, a tourné la page, il n’a pas ressassé son malheur, il a lavé sa douleur et ses souvenirs.
Il a repris sa route, il s’est tourné vers l’avenir.
Conclusion :
Dans ce rêve, les excréments symbolisent la présence d’une expérience douloureuse et sale, dont il faut absolument évacuer le souvenir.
Dans les rêves, avec cette image, il peut s’agir aussi, souvent, de toutes sortes d’autres éléments toxiques et destructeurs : des complexes d’infériorité, de culpabilité, des frustrations, des déceptions, des rancoeurs, du ressentiment, de la jalousie. Ce peut être encore des inhibitions, de la timidité, des angoisses, des peurs. Ce sont là des attitudes, des réactions qui empoisonnent l’âme. La liste n’est pas exhaustive et c’est à vous de voir le sens personnel de ce symbole dans votre rêve, par rapport à ce que vous vivez au moment où vous le recevez.
La prochaine fois, nous verrons un sens tout différent de l’image triviale et fréquente que nous sommes en train d’étudier. Cette fois-ci, ce sera avec l’un de mes rêves.
Illustrations :
- Tableaux de David Turner Sargent :
Route des collines
La rivière à eaux basses
Vous consulterez avec intérêt et profit le site : www.mensongepsy.com/fr
Au sujet des mensonges du célèbre Dr Freud et de psys, j’en fournis des exemples douloureux dans mon livre « Amour et sexe dans vos rêves ».