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Christiane Riedel - Page 34

  • ENCORE UNE MISE AU POINT : DIEU, C'EST QUOI ?

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    ENCORE UNE MISE AU POINT

     

    4

     

    DIEU, C'EST QUOI ?

     

    De quoi parle-t-on exactement ?

     

     

    "VOCATUS ATQUE NON VOCATUS, DEUS ADERIT"

    "INVOQUÉ OU NON, DIEU SERA PRÉSENT"

     

    DIEU C'EST QUOI.jpg

     

    Cette parole est un oracle de Delphes. Jung l'a gravée au dessus de la porte de sa maison à Küssnacht.

    Il en donna la raison :

    "Une autre approche commence ici, dit-il, non pas celle de la chrétienté, mais de Dieu Lui-même, et cela semble être la question ultime et primordiale".

    Peut-on définir Dieu ?

    Certainement pas pour les Hébreux qui l'appelaient le Sans Nom, l'Inqualifiable.

    Je laisse la place aux explications de Jung, qui, de façon permanente, parle de Dieu dans ses ouvrages, ses conférences, ses cours. Je n'ai rien lu de plus clair et de plus juste, ou du moins qui corresponde à mon expérience.

     

    Lors de l'émission "Face à Face" de la B.B.C. en 1959, le journaliste demanda à Jung :

    "Croyez-vous en Dieu ?". Jung répondit :

    "- Je n'ai pas besoin de croire en Dieu ; je sais." (1)

    the listener.jpg

    Cette réponse provoqua immédiatement un flot de lettres écrites par ceux qui croyaient que la foi de Jung en "Dieu" était la même que la leur ; d'autres auditeurs disaient qu'ils ne croyaient pas en "Dieu", alors que d'autres encore voulaient savoir ce qu'il entendait au juste par "Dieu".

    Dans l'impossibilité de répondre à ces nombreux correspondants, Jung choisit d'exprimer sa pensée sur ce point dans une lettre datée du 21 janvier 1960 qui fut publiée dans le journal anglais The Listener : (2)

    Monsieur, 
    J'ai reçu de nombreuses lettres dans lesquelles il était fait état de mes propos sur la "connaissance" (de Dieu).

    Ma façon de concevoir la "connaissance de Dieu" est peu conventionnelle et je comprendrai fort bien que l'on me reprochât de ne pas être un bon chrétien. Pourtant je me considère chrétien car je me fonde sur des concepts chrétiens. J'essaye seulement d'échapper à leurs contradictions internes en faisant intervenir une attitude plus

    modeste qui tienne compte des vastes ténèbres qui règnent dans l'âme humaine.

    L'évolution continue de l'idée chrétienne, comme celle du bouddhisme également, est une preuve de vitalité. Notre époque a certainement besoin de voir se développer un nouveau mode de pensée à ce sujet, car il n'est plus possible de continuer à penser à la façon des Anciens ou des chrétiens du Moyen Âge lorsque nous pénétrons dans le domaine de l'expérience religieuse. 

    Je n'ai pas dit au cours de l'émission radiophonique en question : "Dieu existe". J'ai dit :

    "Je ne crois pas en Dieu : je sais".

    Ce qui ne veut pas dire que je connaisse un certain Dieu (Zeus, Jahvé, Allah, le Dieu de la Trinité, etc...) mais plutôt :

    je sais que je me trouve, de toute évidence, en face d'un facteur inconnu que j'appelle "Dieu" en consensu omnium ("quod semper, quod ubique, quod ab omnibus creditur") ( ce qui est toujours admis, partout et et par tous) .

    Je me souviens de Lui, je L'évoque, chaque fois que je me sers de Son nom lorsque la colère ou la crainte m'envahit, chaque fois qu'involontairement je dis :

    "Oh Dieu !". 
    Ceci se passe chaque fois que je rencontre quelqu'un ou quelque chose de plus fort que moi. C'est une expression heureuse qui convient à toutes les émotions irrésistibles de mon propre système psychique, (toutes ces émotions) qui maîtrisent ma volonté consciente et s'emparent du contrôle que j'exerce sur moi-même.

    C'est le nom par lequel je désigne tout ce qui traverse mon chemin violemment et sans ménagement, tout ce qui bouleverse mes idées subjectives, mes plans et mes intentions et qui change le cours de ma vie pour le meilleur et pour le pire.

    D'accord avec la tradition, j'appelle "Dieu" la puissance du destin sous son aspect positif comme sous son aspect négatif et dans la mesure où son origine n'est pas vérifiable ; c'est un "dieu personnel" puisque mon destin signifie surtout moi-même, surtout quand il me parle sous la forme de la conscience comme une vox Dei avec laquelle je puis même m'entretenir et discuter. Nous faisons et en même temps nous savons que nous faisons. Nous sommes sujets et objets à la fois.

    Et cependant, je considère qu'il serait intellectuellement immoral de se permettre de penser que le dieu que je conçois est l’Être universel et métaphysique. Seule mon expérience personnelle peut être bonne ou mauvaise, mais je sais que la volonté supérieure repose sur une base qui transcende l'imagination humaine.

    Étant donné que je connais ma confrontation avec une volonté supérieure, je connais Dieu, et si, de façon illégitime, je tentais d'hypostasier* ma représentation, je dirais que je connais un Dieu qui est au-delà du bien et du mal, qui règne en moi comme ailleurs :

    "Deus est circulus cuius centrum est ubique, cuius circumferen-tia vero nusquam." « Dieu est un cercle dont le centre est partout et la circonférence nulle part. »

    index.png

     

    Je pense qu'on ne peut répondre plus clairement que cet exposé de Jung à la question posée au début de cet article : « Dieu, c'est quoi ? De quoi parle-ton exactement ?

     

    Pour conclure ces considérations, je rappellerai aussi ce que Jung écrit dans Ma vie :

    "La possibilité d'une réalité autre, existant derrière les apparences, devient un problème inéluctable : notre monde est en rapport avec un autre ordre des choses." (3)

     

    tête raphaélesque.jpg

     

    Ces quatre exposés des préliminaires nous ont amenés à réfléchir sur des considérations fort sérieuses.

    Et la prochaine fois, nous nous accorderons un moment de pause.

     

    A bientôt

     

    * hypostasier : considérer comme une substance réelle ce qui n'est qu'une idée. Prendre pour une réalité, pour un fait concret ce qui est une idée.

     

    Remarque

    Je me suis permis de reprendre la présentation très serrée des lignes écrites par Jung. J'ai aménagé des paragraphes pour donner une approche plus aérée, moins compacte, plus facile à lire.

     

    Bibliographie

    (1) Émission de la B.B.C. en 1959 ("Face à Face")

    (2) Lettre datée du 21 janvier 1960 qui fut publiée dans le journal anglais The Listener

    (3) Ma vie, Souvenirs Rêves et pensées, C.G.Jung, éd. Gallimard Folio, 1973

     

    Illustrations

    Je remercie les artistes dont les œuvres m'ont permis d'illustrer mon blog

    - Photographie de Jung par le journal « The Listener »

    - « Dieu est une sphère…. » qqcitations.com

    - Tête raphaèlesque éclatée de Salvator Dali : mondopuzzlz.it

  • MISE AU POINT 3 SPIRITUEL : QU'EST-CE QUE C'EST ?

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    PRÉLIMINAIRES

     

    MISE AU POINT

     

    3

     

    ARRÊTONS-NOUS SUR LE MOT SPIRITUEL

     

    QU'EST-CE QUE CE MOT VEUT DIRE ?

     

    Après avoir précisé le sens des termes « conscient » et « inconscient », « rêves », « image », et « métaphore », il est maintenant nécessaire de chercher à définir ce que signifie le mot « spirituel »

    Je vous présente ici ma compréhension personnelle de ce mot, élaborée par mon expérience.

    Le mot « spirituel » vient du latin "spiritus". Spiritus veut dire souffle, vent.

    Du mot spiritus provient l'adjectif « spiritalis » qui a donné « spirituel » en français.

    Or à propos de ce mot règne une certaine confusion qui vient de la langue française elle-même.

    En fait, le français n'a qu'un seul mot pour désigner deux réalités totalement différentes: l'esprit et l'Esprit.

    L'esprit, écrit avec une minuscule, correspond au "mens" latin, au "mind" anglais, qui désignent les facultés mentales.

                                                            interprétation des rêves, Christiane Riedel interprète de rêves,

    Par là se trouve désigné tout ce qui fait partie des processus de la pensée et de son entrainement, des processus de la raison, de la logique, de la réflexion analytique, déductive ou inductive, tout ce qui est du domaine du raisonnement et de l'intellect, si chers aux Français.

    Avec l'esprit nous sommes dans des acquisitions du savoir, des accumulations de connaissances, nous sommes dans l'avoir et la maîtrise.

    Et il nous semble qu'avoir accès à l'Esprit, écrit avec un grand E, s'obtient par cette culture intellectuelle.

    Donc nous voilà courant les séminaires, les conférences, participant à des ateliers de tous genres, suivant peut être aussi des thérapies, ou les indications d'un coach, achetant tous ces beaux livres qui nous fascinent et nous parlent de développement personnel, de réalisation. Mais hélas, tout cela reste dans la tête, dans la maitrise.

    De façon fort différente, l'Esprit, lui, avec un E majuscule, désigne non pas l'intellect, mais le spirituel, désigné par le mot "spirit" en anglais, le souffle, le vent, dont le Christ dit :

    « Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit; mais tu ne sais d'où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l'Esprit. » (1

    Il s'agit maintenant non plus d'un savoir, d'un capital de connaissances, ou de capacités. Non. Il s'agit d'un état d'être, d'une certaine disposition intérieure, une qualité d'âme qui va se manifester non dans le savoir, l'avoir, mais dans l'être, l'accomplir, répondre à la question comment, à la question pourquoi : pour - quoi, qui interroge non sur la cause mais sur le but, sur la finalité.

    Dès lors, on ne cherchera plus les conférences brillantes, les ateliers multiples, les lectures inépuisables.

    Dès lors,... attention,.. attention à ce qui suit :

    pour employer une expression des rêves fort vulgaire, cet état d'être dit "spirituel" va se manifester, va être vécu, paradoxalement, dans les moments difficiles, qui nous "emm.." selon les mots de l'alchimie, dont nous n'avons pas la maîtrise et dont nous voudrions nous débarrasser au plus vite. Et c'est pourtant là, dans l'abandon, que le spirituel souvent nous attend. C'est là que nous sommes amenés à pratiquer cette qualité d'être intérieure, où nous parvenons à concilier les contraires, ce que nous voulons et ce que nous ne voulons pas.

    Avec l'esprit avec une minuscule, l'être décolle de la réalité, il la fuit et se perd par exemple dans toutes sortes d'envolées, voire d'extravagances psychiques, de mouvements New Age qui se multiplient, et dont un rêve déclarait malicieusement qu'ils « poussent comme les champignons à la dernière pluie ». Ainsi, on croit peut-être "s'améliorer" en suivant des aspirations dites « élevées », mais ces fascinations se révèlent en fait des dépendances illusoires.

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    Avec l'Esprit avec un grand E, l'être assume la réalité et va à son accomplissement.

    L'Esprit avec un grand E, c'est l'Esprit Saint qui est présent en nous et qui se manifeste dans nos rêves.

    C'est l'Esprit Saint, tel qu'il souffle dans la Bible et chez les saints de l'Occident et d'Orient, connus ou pas, chez tous les innombrables témoins chrétiens que nous rappellent les noms de tant de villes et de villages en France ou d'ailleurs. C'est l'Esprit Saint, tel qu'il est reconnu dans la spiritualité orientale sous la forme du serpent de la Kundalini.

    J'insiste.

    Le Saint Esprit n'est pas une idée, un concept, une considération métaphysique, un dieu inaccessible, situé à des millions de kilomètres dans les espaces interstellaires, le Cosmos, le Grand Tout, l'Univers.

    Oh non !

    Il est ici, en nous, tout proche, il est «  plus moi-même que moi-même », il réside dans notre âme, dans notre monde intérieur, comme nous le verrons dans ces pages, comme je ne cesse de l'exposer dans mes livres et sur mon blog.

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    Et pour finir, Jung, toujours lui, l'exprime on ne peut plus clairement et souligne :

    « Si vous considérez l’inconscient intellectuellement, vous êtes perdu. L’inconscient n’est pas une conviction, ni une hypothèse, c’est une Présence, c’est un fait. Il est là. Il advient. » (2)

     

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    vous amener À Vivre l'Expérience de cette Présence de l'Esprit

    dans vos rêves et dans la vie quotidienne.

    Bibliographie

    (1) La Bible : Evangile de Jean, ch. v. 8

    (2) Jung parle, Rencontres et interviews, p 281- 283, éd. Buchet Chastel, 1985

     

    Ilustrations

    Je remercie les artistes dont les œuvres m'ont permis d'illustrer mon blog

    Champion : youtube.com

    Salvator Dali : La Madonne du Port Lligat (Étude)