LE GROS LOT
Observer des faits, réfléchir à leur sujet, voilà ce que je cherche à faire en accueillant les rêves.
Les faits sont les rêves, faits réels, objectifs, autonomes.
La réflexion, c’est l’étude, l’analyse et l’interprétation des images, qui permettent de les traduire, les transposer au niveau humain, dans la vie quotidienne.
C’est ainsi que l’on découvre et suit la voie des rêves.
Eléonore s’est engagée sur cette voie, elle ajoute à sa vie les informations qui lui viennent de l’inconscient et en tient compte. Vous voyez les transformations qui s’en suivent. Je vous ai montré, la dernière fois, combien cette voie semblait paradoxale.
Jung, à la fin de sa vie, le dit clairement à ses élèves :
« La voie est ineffable. On ne peut, on ne doit pas la trahir ; elle est semblable à la voie du Zen, et elle est comme le fil du rasoir et ondule comme un serpent.
Il faut de la foi, du courage, une honnêteté et une patience sans fin. » (1)
C’est bien là aussi ce dont notre amie Eléonore commence à faire l’expérience.
De nuit en nuit, elle continue à recevoir de petits rêves qui la laissent toujours perplexe et déroutée. De nuit en nuit, il est arrivé qu’elle a retrouvé Sébastien, exactement comme les rêves l’avaient décrit.
Aujourd’hui, c’est moi qui lui téléphone pour lui demander de vérifier si l’exposé que je vais faire sur son rêve lui convient, avant que je le publie sur mon blog. Je veux être sûre qu’elle est d’accord pour le texte, comme pour les images. Et c’est ainsi qu’au cours de notre entretien, Eléonore me confie :
Rêve :
- Christiane, j’ai rêvé cette nuit que j’avais gagné le gros lot au loto, j’avais gagné 5 millions !-
- Wouhaa !
Interprétation-
J’en ai parlé avec ma fille, me dit la rêveuse. Je pense que le rêve est en rapport avec le fait que j’ai exposé mes tableaux.
Je vais sans doute réussir à les vendre.
- Vous croyez que c’est le sens de votre rêve ?
- Je ne sais pas.
- Attendez, regardons un peu.
Le loto
Eléonore m’explique :
- Le loto, c’est un jeu de hasard, le jeu du sort, de la fortune. J’achète un ticket avec toutes sortes de numéros. Je choisis certains numéros que je coche. Je dois essayer de trouver la bonne combinaison, la combinaison gagnante. Et quand la roue de la fortune a tourné, si j’ai les bons numéros, la bonne combinaison, j’ai gagné au loto et ce peut être d’énormes sommes.
C’est le nom de la divinité « Fortuna », qui a donné le nom fortune. Elle était la déesse qui préside aux hasards de la vie. Le sort, c’est aussi le destin.
Je demande alors à notre amie :
- Actuellement, où est-ce que dans votre vie, en ce moment, vous jouez, il peut même être question de sort, de destin, et vous essayez de gagner ?
- Là où mon destin se joue, c’est avec Sébastien. J’essaie de le gagner !
- Qu’est-ce que c’est alors, choisir certains numéros, trouver la bonne combinaison ?
- Est-ce que ces numéros, ce ne serait pas les différentes attitudes, les comportements conseillés par les rêves ? Et la bonne combinaison, ce serait alors le fait d’avoir su les combiner les uns avec les autres ? Ecoutez, franchement, Christiane, les rêves, dernièrement, m’ont bien amenée à combiner divers comportements, et ce n’était pas facile. Ca, je peux le dire.
Quand on songe aux péripéties de son histoire, Eléonore a raison. Elle a su prendre plusieurs attitudes, qui combinées les unes aux autres ont donné la solution adéquate.
Mais pourquoi est-ce précisément 5 millions ?
- 5 millions, c’est peut être Sébastien s’écrie l’amoureuse !
- Attendez ! C’est possible, mais avant de l’affirmer, il faut regarder le chiffre 5. Pourquoi 5 ?
5 millions
Pourquoi le rêve choisit-il le chiffre 5 ? Et pourquoi des millions ?
Les millions
Commençons par les millions : quand le rêve emploie des centaines, des milliers, des millions, il indique souvent par là la valeur importante de ce qui est en jeu.
Le 5
Quelques explications préalables:
On pourrait interpréter ce chiffre de différentes manières. Les connaissances en numérologie ou en symbolisme des nombres fourniraient d’amples explications.
Pour ma part, j’ai constaté que très souvent, de façon surprenante, c’était le Yi King, qui fournissait la solution.
Le Yi King ? Qu’est-ce que c’est ? C’est le livre oraculaire chinois, que Jung a fait connaître à l’Occident. Ce livre est composé de 64 chapitres, qui décrivent l’ensemble des expériences humaines, chacun correspondant à un vécu précis.
C’est le missionnaire allemand Richard Wilhelm, qui, au début du XXème siècle a traduit le livre en allemand. Puis, revenant de Chine, il l’a fait connaître à son ami Jung, qui en a vu toute la valeur. Le Yi King a été ensuite traduit en français particulièrement par Etienne Perrot, fils spirituel et traducteur de Jung, interprète de rêves et écrivain, dont j’ai été l’élève. Puis sa traduction du Yi King a été reprise et de très nombreux commentateurs en ont donné leur interprétation. Je retiendrai surtout la traduction très fouillée de Cyril Javary.
Son élève, Nathalie Chassériau en a fait, chez Hachette, une présentation claire, pratique et très utile.
Il existe par exemple aussi «Le Yi King des managers » de Damian Knight, à la librairie Médicis, qui fournit des éclairages très intéressants et pertinents.
Tous ces livres se complètent les uns les autres.
Pour ma part, il me semble indispensable de consulter d’abord le Yi King traduit par Etienne Perrot, de réfléchir à la réponse, puis de compléter ensuite avec d’autres présentations.
Je ne saurais trop vous recommander de découvrir et pratiquer le Yi King. C’est une aventure, une aventure intérieure, qui rejoint l’aventure spirituelle des rêves.
De façon étonnante, le Yi King est entré dans l’inconscient occidental.
J’en ai fait moi-même l’expérience en 1985, avec un rêve où apparaissait 2 chiffres : 60 et 41. Pendant un an, j’ai cherché dans tout Berlin, où j’habitais alors. J’ai consulté une quinzaine de psy, des psy freudiens, jungiens, des psy de l’école de la Gestalt. Aucun n’a été capable d’interpréter mon rêve et ces deux chiffres.
En désespoir de cause, j’ai écrit en France à Etienne Perrot, qui, par retour du courrier, m’a répondu et donné la solution, grâce au Yi King, dont il était le traducteur. J’ai été bouleversée.
Je ne connaissais rien du Yi King, et pourtant, c’était lui seul qui possédait la clé et révélait le sens de mon rêve. Je l’ai raconté dans « Rêves à Vivre ».
Depuis, je vérifie quotidiennement la validité du Yi King pour interpréter les chiffres dans les rêves, tout en tenant compte, en premier lieu, des associations du rêveur, bien sûr !
Mais revenons au 5. Que propose le Yi King ?
Le chapitre 5 s’appelle « L’ATTENTE ». Voici ce qu’on peut y lire.
« Quand les nuages montent dans le ciel, c’est le signe qu’il va pleuvoir.… Cette pluie viendra à son heure. On ne peut la faire venir de force, mais il faut l’attendre… La force ne se précipite pas mais sait attendre, tandis que la faiblesse tombe dans l’agitation et n’a pas la patience d’attendre. …
Il ne reste alors plus rien à faire que d’ATTENDRE que la pluie tombe…
Il en est de même dans la vie quand un destin se prépare. Lorsque les temps ne sont pas encore accomplis, on ne doit pas se mettre en souci et s’efforcer de façonner l’avenir par son activité et son intervention propre, mais il convient de rassembler paisiblement ses forces en mangeant et buvant, pour ce qui est du corps, et en étant de bonne humeur, pour ce qui concerne l’esprit. Le destin vient de lui -même et alors on est prêt. »
Cette situation d’attente est bien celle d’Eléonore. Elle a fait tout ce qu’elle pouvait pour retrouver Sébastien, elle est entrée dans un tango, où dans la souplesse et dans le rythme, elle a avancée et reculé, elle s’est mise en vedette puis en retraite. Elle a ainsi combiné plusieurs figures.
Savoir attendre, patience, endurance. Eléonore a déjà entendu ces mots quand je lui a expliqué l’image de son amie Anne, la patiente, qui revenait tout le temps dans ses rêves.
Et maintenant, elle a gagné 5 millions ! Qu’est-ce que ça veut dire ? Voilà ce que le rêve lui révèle :
Elle s’est enrichie des qualités de persévérance, d’endurance, de patience.
Elle a appris le laisser-faire, le non agir. Elle appris que la vie possédait un cours et une sagesse dans lesquels il était sot d’intervenir de façon intempestive. Les visions conscientes du moi s’affolent, s’impatientent et cherchent à obtenir immédiatement satisfaction. Mais la frustration est une grande maîtresse dans la vie. C’est elle qui permet de passer par un pire pour aller dans un meilleur. Avec la frustration se développe l’art de la maturité, la plus grande qualité de l’âme, la patience, la fleur de l’âme.
Voilà ce qu’Eléonore, en parcourant son épreuve, a gagné.
Citations :
(1) Jung parle, p.282, éditions Buchet Chastel, 1985
(2) Yi King, p. 43, traduction en allemand : Richard Wilhelm ; traduction en français : Etienne Perrot, éditions de la librairie Médicis, 1973
Illustrations :
Je remercie les photographes et les artistes qui m’ont permis d’illustrer mon blog
Photo d’Etienne Perrot
Christiane Riedel - Page 154
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ELLE A GAGNE LE GROS LOT, CH 5
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QUAND LA STRATEGIE REBONDIT CH. 4
ENCORE DU CHANGEMENT !
TOUTE CETTE HISTOIRE AURAIT-ELLE UN SENS ?
J'avais l'intention, la dernière fois, quand je vous ai quittés, de vous ouvrir aux perspectives que nous révèlent les rêves, et qu' Eléonore a découvertes avec eux. Mais j'ai trouvé dommage de ne pas vous montrer auparavant de petits rêves qu'Eléonore a reçus aussi et qui sont riches d'enseignement. C'est pourquoi, aujourd'hui, je leur donnerai ma préférence et garderai le beau rêve de notre rêveuse pour une prochaine fois.
Au cours des nuits, les rêves viennent régulièrement rendre visite à Eléonore et la conseiller sagement.
La rêveuse m'en informe et ainsi, nous découvrons peu à peu comment l'inconscient, défiant toutes ses idées, l'invite à adopter des attitudes, à accomplir des actions qui s'avèrent en fait le contraire de ce qu'elle croyait bien et bon pour elle. Croit-elle avancer, progresser ? Le rêve lui montre qu'elle est en train de s'égarer et de se perdre. Et si, au désespoir, elle renonce à se battre, à vouloir imposer sa volonté au cours des choses, le rêve lui montre que là, elle a gagné le gros lot !
Ainsi, au fil des rêves, Eléonore apprend une chose : elle apprend à se laisser DEROUTER par l'étrange sagesse de l’inconscient.
Voici donc un de ses rêves . Vous allez peut être me dire :
- Quoi, ça, vous appelez ça un rêve? Ces bribes de machin, ces mots, ces syllabes qui ont à peine un sens ? C'est tout juste bon à mettre à la poubelle !
Voyons donc ! Un rêve, c'est tout un scénario ! Un mot seulement, un petit bout d'une image, c'est rien du tout, c'est négligeable, allez, aux oubliettes !
- Oh non ! C'est parce que vous ne savez pas interpréter les rêves que vous dîtes ça. Si les rêves sont si simples avec Eléonore, c'est parce qu'elle est elle même une femme qui écoute et accepte les messages de son monde inconscient. L'inconscient n'a alors pas besoin de sortir tout son arsenal d'images puissantes pour secouer le rêveur et essayer de modifier son comportement. Souvent, plus les images sont impressionnantes, moins le conscient est prêt à les accepter.
Le rêveur se gonfle et se croit quelqu'un de très spécial pour recevoir des images pareilles. Mais il n'en fait rien d'autre que de l'inflation et tous les efforts des rêves retombent comme un soufflé qu'on n' a pas mangé quand il était servi tout chaud.
Alors, voyons ces rêves. Voici le premier que me raconte notre amie :
Rêve
- Dans mon rêve, il y avait Alain.
- Quoi, c'est tout ? Il n'y avait rien d'autre ?
- Non.
- Où était-ce ?
- Je ne sais pas.
- Et Alain, que faisait-il ?
- Rien, il était là.
J'essaie de tirer d'éventuels détails :
- Vous n'avez rien remarqué dans son attitude, ses vêtements ?
- Non. Je voyais simplement son image.
Interprétation
Bon, il va falloir se contenter de cette seule image.
- Ah ah ! penseront ceux qui connaissent déjà un peu les rêves ou qui ont lu mon livre « Rêves
à Vivre », où j’ai expliqué un de mes rêves qui présente, en effet l’image d’un Alain, en l’occurrence, Alain Delon.
Ah ah, se diront-ils, Alain présente un jeu de mot célèbre, et facile ; A lain, à l'ain, à l'Un. Le prénom Alain est une des énigmes des rêves, un de ces signes « cabalistiques », n'est-ce pas, qui transmettent des connaissances cachées. Alain indique la transformation qui s'opère dans l'individu pour le mener à son unité avec le divin, à l'Un.
Oui. c'est vrai. Et alors ? Eléonore va être bien avancée avec cette explication ! Savoir qu’elle est en marche vers son unité est très encourageant, mais concrètement, est-ce que cette interprétation va l’aider dans sa vie quotidienne en générale et dans sa relation amoureuse en particulier ?
L’explication que j’ai donnée dans mon livre était valable pour moi, pour ce rêve là.
Elle convient aussi à d’autres bien sûr, mais il ne faut surtout pas considérer que cette explication, qui m’a convenu à moi, serait générale et universelle. Ce serait là une façon de penser grossière, tout à fait en désaccord avec l’esprit éternellement créatif du rêve.
Pour ma part, j'essaie donc de ne pas être systématique et j’évite de me limiter à une solution toute faite.
C’est ce que le Carl Gustav Jung, médecin psychiatre qui comprenait les rêves, a répété jusqu’à la fin de sa vie :
« On devrait toujours reconnaître qu’on ne sait pas ce q’un rêve veut dire, surtout en ce qui concerne nos propres rêves, car l’inconscient trouve toujours la faille dans le mur de nos théories et systèmes bien construits. L’inconscient veut pénétrer dans la conscience, et si nous construisons un corps systématique de connaissances, nous tenons nécessairement l’inconscient à l’écart. La Nature est précisément ce que nous ne savons pas…Si on se limite aux faits connus, ce que l’on dit peut être vrai de milliers d’autres cas, mais justement pas de celui-ci. La vérité échappe à ceux qui tentent toujours de systématiser et qui ont besoin d’user de pouvoir pour essayer de convaincre. » (1)
C’est bien dans cet esprit que je travaille. Et, en effet, l'expérience m'a montré, prouvé et démontré, que l'interprète, toujours, toujours, avait le plus grand avantage à aborder le rêve sans connaissances préalables et à utiliser la technique de l'interview, ou technique de l’enquête. Elle seule permet de révéler le sens chaque fois nouveau de l’image.
Je pose alors les inévitables questions :
- Eléonore, qui est Alain ?
- C'est un ancien ami. Nous sommes restés ensemble quelques temps.
- Et vous l'avez quitté pourquoi ?
- Il ne pensait qu'à lui, il ne faisait que ce qui lui plaisait, il n'en avait rien à faire des autres et de moi-même. Il ne se gênait pas devant moi pour détailler les autres femmes du regard, et même pour les aguicher. S'il avait envie d'aller coucher ailleurs, il se moquait pas mal de savoir que cela me faisait souffrir. Je ne l'ai pas supporté.
- Bon ! Alors, dîtes moi, quelle est celle façon d'être que vous pouvez avoir en ce
moment, une façon d'être COMME Alain ? Où est-ce que, dans votre vie actuelle,
vous ne vous gênez pas pour regarder d'autres partenaires, et même les aguicher ?
- Oh, mais c'est sur mon site perso ! Je continue de mettre des photos un peu affriolantes, ou si ce ne sont pas des photos de moi, ce sont des nus d'artistes, des sculptures, des peintures érotiques. Je fais comme me l'a montré mon rêve avec Sarkozy, j'essaie de jouer de mon image sur mon site. Je vérifie que Sébastien vient bien
regarder et j'espère comme ça le rendre jaloux !
- Entendu, mais regardez ce que vous dîtes d'Alain : II se moquait pas mal de vous faire souffrir, c'était devenu insupportable et c'est pour cela que vous l'avez quitté.
Qu'est-ce que vous en pensez alors, quand vous vous comportez COMME Alain ? Qui faites-vous souffrir ?
- Je ferais souffrir Sébastien ?
- Grave ! Et cela serait en train de devenir insupportable !
- Ah ! Mais c'est pour ça alors que, quelquefois, au téléphone, il recommence à se montrer si glacial !
- Vous le blessez certainement. Eléonore. Voilà ce que vous montre le rêve maintenant. II vous met devant les yeux votre comportement « Alain », il vous invite à regarder un peu ce que vous en pensez et à en tirer les conséquences.
- Oui, Christiane, je veux bien, mais je mettais mon rêve de Sarkozy en application.
- Et vous avez bien fait, Eléonore, puisque vous avez retrouvé Sébastien plus proche de vous. Mais comme je vous l'ai déjà dit, tout est en éternelle transformation, tout change, et le seul rêve peut vous prévenir de l’instant adéquat où vous aussi, vous devez vous adapter aux nouvelles exigences du moment et changer.
Malheureusement le conscient lui ne voit pas les choses comme ça. Il veut s'installer dans des règles et des sécurités, il veut des assurances, il n'aime pas se bouger !
Mais vous savez, avec le rêve, on est dans l'aventure permanente, et vous voyez, on ne s'ennuie pas !
J'entends rire doucement Eléonore.
Bon, alors, Eléonore, qu'allez-vous faire maintenant ?
- Eh bien ! Je vais retirer mes images et mes photos, maintenant que Sarkozy a remis les choses en ordre. Il est temps de passer à une relation peut-être un peu plus cool. Je vais mettre sur mon site perso une photo de lui et de moi, où nous sommes ensemble.
Nous verrons bien ce que ça va donner.
Conclusion
Eléonore a accepté docilement les indications de son rêve. Elle se souvient de son rêve, avec le calot du matelot. Elle sait qu'elle a décidé d'obéir à ses rêves, qui seuls connaissent la voie pour remettre de l'ordre dans sa vie.
Elle a compris que sa façon consciente de voir les choses et de faire des choix n'a rien à voir avec la position de l'inconscient. Elle a même constaté combien sa conception consciente lui paraissait désormais fragile, insuffisante, dérisoire.
Alors, la route où la conduit en ce moment son monde intérieur, cette route s'appelle la déroute.
Si notre amie n'avait pas abandonné toute rigidité pour accepter la souplesse, elle pourrait bien dire que l'inconscient la fait tourner en bourrique, la traite comme une girouette.
Il lui indique une chose, et puis son contraire, et puis ce n'est pas ça non plus, et c’est encore autre chose !
- Alors, d'abord c'est : « Amour et sexe », mais juste ça, pas de sentiment. Bon, notre amie s'en
contente provisoirement.
- Et puis c'est : « Maintenant tu te retires, mais reste patiente ». Catastrophe ! Pour Eléonore,
tout est perdu !
- Après, c'est : « Vas-y ! Sors le grand jeu sexy » Incroyable ! Voilà notre rêveuse dans !a magie des images qui ensorcellent son ami.
- Et finalement, c'est : « Il est temps d’arrêter ! Plus d'images. »
Flûte alors ! Il y a de quoi ne plus savoir où on en est !
C'est vrai. Mais l'amoureuse n'avait pas pris conscience qu'elle commençait à abuser de ce jeu et faire souffrir son ami. L’inconscient, lui le sait, il l’avertit et la prévient des dégâts.
Ainsi à chaque fois, Eléonore fait le sacrifice de sa position consciente. Chaque fois, elle ne cherche plus à comprendre, elle se jette dans le vide, elle risque de tout perdre.
Mais chaque fois, tout bascule, tout change, tout rebondit, se transforme, et se poursuit, dans une alternance de contraires sans cesse renouvelée.
Elle croit passer par un pire ? C’est en fait pour aller vers un mieux.
Là est le secret du jaillissement de la source de vie, dans cette adhésion volontaire aux mouvements variés qu’elle offre sans cesse. C’est là que les rêves nous invitent, nous soutiennent et nous guident.
Là est le secret de l'accomplissement.
Là est le secret de ce que Jung a appelé l'individuation. Et les rêves sont les maîtres de l'individuation.
- Cette voie n'est pas facile, me direz-vous.
- Facile en allemand se dit « einfach ». Einfach, ça veut dire aussi : « simple ». Vous craignez cette adhésion aux mouvements de l'inconscient ? Vous trouvez cette souplesse compliquée ? Je vous répondrai que c'est simple.
Et je laisserai parler Jung qui disait :
« - Oui, être simple, c'est ce qu'il y a de plus compliqué ! »
Illustrations
Je remercie les auteurs qui m'ont permis grâce à leurs photos d'illustrer mon texte,
Enfant dans la poubelle : astrosurf.com
Galaxie : fondation Hubble Heritage
Saut dans la mer à la base militaire de Collioure ; www.hemaridon.com
Citation
(1) Jung parle, p. 283, éditions Buchet Chastel, 1985