L’an dernier, lors du Congrès International de l’IASD en Hollande, je cherche dans le dédale des couloirs la salle où a lieu le symposium sur : « l’influence des émotions sur le contenu du rêve ». Plusieurs célébrités de l’IASD y interviennent.
Je me retrouve assise, et je m’aperçois que le premier conférencier n’est pas l’éminent psychiatre annoncé mais une conférencière inconnue : elle relate les expériences où le rêveur entend une voix parler dans ses rêves. Son étude me passionne immédiatement et je décide donc de rester à ma place.
Et que je suis heureuse ! Dans ce symposium, les conférenciers viennent raconter comment un rêve a fait basculé leur vie.
Ce ne sont plus des théories, des systèmes, voilà des faits concrets, des témoignages vécus, vivants, vrais.
Aujourd’hui, en cette période de Pâques, le moment est venu de vous présenter l’un de ces témoignages : celui du diplomate hollandais Mr Edy Korthals Altes.
Pour comprendre ce rêve, il est nécessaire d’abord de le replacer dans son contexte historique des années 1980, à l’époque de la guerre froide.
Le contexte historique : la Guerre froide
Cette expression désigne la période qui va de la fin de la Deuxième Guerre mondiale jusqu'à la chute du mur de Berlin en 1989.
La Grande-Alliance entre les États-Unis et l'URSS contre les nazis n'a pas résisté longtemps. 1947 marque le début de la formation des blocs Ouest et Est autour des deux superpuissances, dont les systèmes socio-économiques sont incompatibles : l’idéologie capitalisme libérale des Etats-Unis s’oppose à l’idéologie marxiste-léniniste de l’URSS.
Dès le XIXe siècle, le penseur politique, historien et sociologue, Alexis de Tocqueville, avait prédit cette situation. Il expliquait que les États-Unis et la Russie impériale avaient tous deux vocation à devenir des empires à l’échelle mondiale au XXème siècle ; alors, dès qu’ils entreraient en contact, ils s’opposeraient pour la domination globale.
La division du monde entre l’Ouest et l’Est en serait la conséquence.
Tocqueville a vu juste et les marques historiques, tristement célèbres, en sont le mur de Berlin et le rideau de fer en fils électrifiés, qui ont déchiré l’Allemagne à cette période, de 1961 à 1989.
Un conflit implicite règne donc sur le monde marqué par une rivalité et un affrontement permanent, ce qui ne mène pourtant pas à une guerre générale. La guerre froide est une « paix belliqueuse et une guerre limitée ».
Les deux camps évitent les affrontements directs qui auraient conduit à l’usage de la bombe atomique. La peur réelle de cette arme a marqué la fin du XXème siècle où a régné « l’équilibre de la terreur ».
Mais les deux camps pratiquent la guerre froide de façon indirecte dans des guerres régionales et ponctuelles, -Corée, Vietnam, Afghanistan-, et surtout dans la course aux armements.
Dans les années 80 on comptait pour les deux camps réunis jusqu’à 70.000 armes nucléaires plus ou moins en « alerte imminente »
En 1983, Reagan propose un programme de défense « Star Wars » pour protéger des attaques de missiles soviétiques. Ce projet revient en fait à préparer une Guerre dans l’Espace.
Le conflit d’Edy Korthals Altes
C’est à ce moment là que le diplomate se trouve déchiré par une grave crise de conscience :
En tant qu’Ambassadeur de la Hollande en Espagne, il se doit d’adhérer à la politique de son pays. Mais dans son âme et conscience il en est venu à s’y opposer personnellement. Pour lui une question cruciale s’impose :
« - Qu’est-ce que je peux faire, moi, en tant qu’individu ?
Il lui est en effet impossible de se débarrasser du problème humain sous prétexte de loyauté envers son gouvernement.
Et il explique :
« - En ce qui nous concerne, après tout, nous ne sommes pas des marionnettes, mais des êtres humains, pleinement responsables de nos actions et de nos omissions et ce, devant Dieu et devant nos semblables. »
La responsabilité personnelle, voilà le problème qui le poursuit.
Ce conflit le tourmente pendant de longs mois, lorsque tout d’un coup un rêve intense et cohérent lui vient dans la nuit du 29 au 30 septembre 1984.
Le rêve qui a changé ma vie.
Je voyais beaucoup de monde sur une place devant une église. L’église était pleine. Tout d’abord je ne voulais pas y entrer jusqu’à ce qu’une dame âgée me prenne par la main et me montre un siège libre dans une des premières rangées sur la gauche. Une grande croix en bois s’étendait au dessus de l’autel.
À ma grande surprise de la sciure de bois tombait de cette croix. ( Cela symbolisait-il la crise intérieure que vivait une église centrée sur elle-même ? )
Pendant que je regardais la croix, je me sentis envahi par une intense compassion pour le Christ souffrant (expérience inhabituelle pour moi en tant que Protestant). Exactement au même instant j’ai vu les yeux VIVANTS du Christ qui me posaient la question qui correspondait à ma situation :
« Et toi, qu’est-ce que tu fais avec tes possibilités, avec ce que tu sais, dans cette période cruciale ? »
Ce face à face direct avec le Christ souffrant, vivant, fut une expérience fulgurante, impossible à décrire !
Tout d’un coup la situation changea : je discutais avec un dirigeant, je ne distinguais pas bien son visage. Avec une certaine emphase je lui parlais de la foi et de la vie. Il m’écoutait à peine. Soudain il me tendit deux livres et me dit :
« - Tenez, lisez-les, ils parlent de la paix, c’est très important actuellement ! »
Je m’écriai :
- La paix et la justice sociale, actuellement ! Mais c’est exactement ce qui m’intéresse si profondément. Je cherche comment je pourrais agir dans ce domaine de façon appropriée.
L’homme me regarda d’un air très déterminé et me lança :
- Faites en sorte d’être prêt pour 1982 !
- Mais nous sommes maintenant en 1984, lui dis-je avec surprise :
Sa réplique fut abrupte et catégorique :
- Vous devez être prêt fin 85, vous commencerez en 86 ! »
Je me réveillai avec sentiment d’intense soulagement. Mon