Je réfléchissais la semaine dernière à ce que j’allais écrire pour vous sur mon blog. J’avais envie de vous parler du dernier livre qui vient de sortir aux prestigieuses éditions Odile Jacob : « La nouvelle interprétation des rêves » de Tobie Nathan. Ce livre, inégal et souvent incohérent, s’avère en fait être une imposture. L’auteur pratique la désinformation et l’affabulation, restant ainsi fidèlement dans la lignée du grand maître et prédécesseur viennois. Cela mérite d’être dénoncé et je préparais donc ma plume et mon indignation.
Cependant mon projet s’est trouvé suspendu, lorsque tout d’un coup, une dévastation inimaginable, une triple catastrophe s’est abattue en chaîne sur le Japon : séisme, tsunami, radiations nucléaires.
Et voici que lundi matin, Renée me confie son rêve, qui se passe au Japon.
Il m’a semblé alors important de vous parler de ce rêve, où apparaît la correspondance entre le monde extérieur terrestre et matériel et le monde intérieur immatériel et psychique de Renée.
Cet exemple va vous montrer la façon dont procèdent les rêves : ils vont chercher directement dans le monde extérieur un événement bien conscient autour duquel ils construisent leur scénario. De cette façon, ils cherchent à introduire un élément nouveau, une donnée secourable, que le rêveur ne peut pas trouver de lui-même, et qui vient l’aider à transformer sa vie.
Renée n’a pas la vie facile et avec courage elle dit « C’est comme pour les autres ». Depuis vingt ans, elle connaît des périodes dépressives, suicidaires, qui ont brisé ses études et anéanti sa carrière.
Les médicaments la calment plus ou moins et l’abrutissent. Cependant, depuis peu elle s’est mise à l’écoute de son inconscient et de ses rêves. Ses rêves la soutiennent, la reconstruisent, lui redonnant petit à petit confiance en elle.
Voici son rêve :
Rêve
Je suis au Japon près de la centrale nucléaire où il y a eu une fuite radioactive.
Je dois évacuer.
Je montre de la résistance car avant de partir je veux retrouver ma petite chienne. J’ai peur qu’elle soit irradiée et meurt rapidement. Cette idée devient une obsession.
Il est évident que ce rêve n’est pas prémonitoire, les fuites radioactives de la Centrale de Fukushima ont commencé avant le rêve. Ce rêve va donc être considéré au niveau personnel et intérieur.
Tentons donc d’interpréter ces images et leur scénario. Une fois encore, je vais m’efforcer de vous montrer comment procéder et je vais reconstituer mon dialogue avec Renée
Le Japon
Je pose la question habituelle :
- Renée, que pouvez-vous dire du Japon ?
- C’est un pays que j’aime beaucoup. Mes meilleurs amis sont Japonais. Ils m’acceptent telle que je suis, alors que partout ailleurs on me rejette parce que je suis malade.
Je récapitule :
Le Japon est un endroit où vous vous sentez acceptée, sans être considérée comme malade.
La question suivante sera :
A quoi cela vous fait-il penser à l’intérieur ou à l’extérieur de vous ?
Mais cette question doit être mise en relation avec dimanche, puisque le rêve a été le lundi matin.
Je demande donc :
- A quoi vous fait penser, à l’intérieur ou à l’extérieur de vous cette situation où vous vous sentez acceptée, sans être considérée comme malade, au moment de votre rêve, donc dimanche dernier ?
- Je me suis trouvée en effet dans un groupe de gens qui m’acceptent comme je suis.
- Bon, la solution extérieure convient, mais il faut aussi regarder à l’intérieur de vous.
Qui sont alors en vous ces gens qui vous acceptent et ne vous considèrent pas comme malade ?
Eh bien, c’est moi-même, quand je prends distance par rapport à ma maladie et ne la laisse pas envahir toute ma vie, quand je peux faire ce que j’aime et vivre comme tout le monde.
Le Japon représente donc un moment où la veille, oubliant sa maladie, la rêveuse, s’acceptant, s’appréciant, et se sentant acceptée, appréciée, a pu vivre comme tout le monde.
Je poursuis l’étude de l’image suivante :
La centrale nucléaire
Renée explique :
- C’est un endroit qui produit de l’électricité à partir de l’atome et fournit de l’énergie. C’est ma centrale énergétique en moi, c’est la production d’énergie que mon corps fournit.
- Et la fuite radioactive ?
- Oh la la ! s’écrie Renée. Dimanche, cela a été affreux. Alors que j’avais l’impression de bien aller, (Japon) j’ai senti une fuite d’énergie dans mon corps, j’ai été vidée tout d’un coup, je ne pouvais plus rien faire, j’ai eu un malaise, je me suis assise.
- Oui, l’image de la fuite décrit bien l’épuisement brutal que vous avez ressenti. Mais pourquoi cette fuite est elle radio-active ?
Renée interprète d’elle-même:
- Cet état d’épuisement peut irradier des éléments négatifs sur l’entourage, cela met une mauvaise ambiance, pollue l’atmosphère, et cela est nuisible aussi pour moi, je deviens irritable, de mauvaise humeur, parce que je ne peux rien faire et je vois tout en noir.
Ainsi, alors que tout semble bien aller, notre amie est accablée brutalement par une atteinte dans son énergie vitale, une crise d’épuisement qui lui gâche la vie et pollue l’atmosphère.
Le rêve poursuit :
Je dois évacuer
Evacuer, cela veut dire au propre quitter les lieux, et au figuré débarrasser, faire disparaître.
Je relie ma question à ce qui vient d’être dit et je demande alors :
- Renée, quand vous avez eu cette fuite d’énergie qui vous gâche la vie, à quoi cela vous fait-il penser le fait d’évacuer les lieux ?
- Dans des moments comme ça, me répond Renée, je me dis que je dois aller aux urgences à l’hôpital. Je suis aussi tentée de tout abandonner, de disparaître, de me supprimer.
- Mais Renée, c’est terrible ! Attendez ! Vous dîtes « je dois évacuer ». Ce « je dois » ? Qu’en pensez-vous ?
- Oui, dans des conditions pareilles, je me dis que je dois en finir avec ma vie. Je suis une charge pour tout le monde, mes parents, la société, je coûte cher, je ne rapporte rien, je suis inutile.
- Eh bien, Renée, vous décrivez très bien là la fuite radioactive et les idées nocives ! Ces pensées négatives vous irradient et menacent de vous détruire.
Je montre de la résistance, car avant je veux retrouver ma petite chienne
L’image indique clairement que vous ne cédez pas à la tentation de quitter les lieux, vous voulez retrouver votre chienne. Ecoutez, Renée, il y a une opposition très nette entre votre « je dois » et votre « je veux ».
Le « je dois » est une contrainte imposée, le « je veux » est un libre choix.
Avec l’emploi de ces deux verbes, votre rêve souligne qu’il est question ici de votre liberté d’humaine. Et que choisissez-vous ? C’est de garder avec vous votre petite chienne, qui , comme tout animal, représente un comportement instinctif vital.
Pouvez-vous la décrire plus précisément ?
- C’est une petite bête câline, affectueuse, chaleureuse, qui aime jouer, elle ne peut pas se passer d’être avec nous, elle se met sur le canapé avec nous.
- Ce comportement serait donc de rester avec les vôtres, en leur manifestant votre affection chaleureuse. C’est le contraire de vous retrouver seule et d’abandonner la partie.
Renée, il y a quelque chose de remarquable dans votre rêve :
Vous décidez de vous retourner sur les lieux pour sauver votre chienne. C’est là un comportement héroïque.
Ainsi, vous luttez dans une atmosphère qui vous irradie de pensées nocives , vous luttez contre tentation de tout abandonner, de vous suicider. Votre priorité, c’est l’amour de la vie sous sa forme la plus naturelle, la plus simple.
Regardons la fin de votre rêve :
J’ai peur qu’elle soit irradiée et meurt rapidement. Cette idée devient une obsession.
Ne dirait-on pas que le rêve met une grande insistance à souligner l’urgence de sauver votre chienne, puisque cela devient une obsession. C’est là la seule pensée que vous devez vous répéter et garder à l’esprit.
Sauver la vie, rester avec les vôtres, voilà l’obsession qui va remplacer l’idée obsédante de vous porter atteinte.
Votre rêve me fait penser au poème qui, une nuit, est venu à l’esprit de Mère Térésa.
Une année, quand j’étais professeur, je l’ai donné à apprendre en récitation en classe. A ce moment là, un de mes élèves a été renversé par une voiture et s’est retrouvé à l’hôpital, dans un long coma, entre la vie et la mort. Alors sa Maman, tous les jours, s’est assise à côté de lui et lui a lu ce poème, lui a lu et relu. Elle était convaincue qu’il l’entendait. Et son fils est revenu à la vie.
Plus tard, elle m’a dit : Ce poème de Mère Térésa a sauvé mon fils.
Je vous transmets ce poème :
La Vie est une Chance, saisis-la.
La Vie est Beauté, admire-là.
La Vie est Béatitude, savoure-la.
La Vie est un Rêve, fais en une Réalité.
La Vie est un Défi, fais-lui Face,
La Vie est un Devoir, accomplis le.
La Vie est un Jeu, joue-le.
La Vie est précieuse, prends en soin.
La Vie est une Richesse, conserve la.
La Vie est Amour, jouis-en.
La Vie est un Mystère, perce-le.
La Vie est Promesse, remplis-la.
La Vie est Tristesse, surmonte-la.
La Vie est un Hymne, chante-le.
La Vie est un Combat, accepte-le.
La Vie est une Tragédie, prends la à bras le corps.
La Vie est une Aventure, ose-la.
La Vie est un Bonheur, mérite-le.
La Vie est la Vie, défends-la.
Illustrations
Je remercie les artistes et les photographes dont les œuvres m’ont permis d’illustrer mon blog.
Le chateau Himeji-jo : voyage-touristique-japon.com
Champ de ruines, photo Mike Clark, AFP, courrier-picard.fr
Le site radioactif de Fukushima : liberation.fr
Le mont Fuji : futura-sciences.com
Melancolia d’Albert Dürer, artiste allemand, 1471-1528 : jgaltier.free.fr
Melancholia de l’artiste allemand Lucas Cranach, 1472-1553 : nuagesetvent.over-blog.com
Drapeau du Japon : console-toi.fr
Fleurs zen de l’artiste française contemporaine Agnès Richet : www.agnes-richet.com
Catastrophe nucléaire au Japon : rsr.ch
Melancholia 2 de l’artiste allemand contemporain Anselm Kiefer : archive.monumenta.com
Days of Melancholia de « furiouskitten » : deviantart.com
Sauveteurs en combinaison : europe1.fr
Pont et soleil levant :angedelamour.centerblog.com
Mère Teresa : lacroix.com
Sauveteur : liberation.fr