Aujourd’hui, je vais entrer directement dans un sujet étonnant: « Les rêves et la Bible ». J’ai déjà abordé ce sujet à plusieurs reprises, et je vais le reprendre maintenant de façon plus approfondie.
Je constate souvent en effet que bien des personnes qui s’intéressent aux rêves connaissent peu la Bible. Et pourtant, vous allez voir que le rêve et la Bible ne sont qu’une et même chose. Tous les livres de la Bible parlent des rêves, on en compte environ 250, ce qui fait un rêve toutes les 6 pages. C’est énorme, et pourtant on l’ignore.
Eh bien, nous allons voir ce qu’il en est.
Pour que le mot soit bien compris, voyons d’abord ce qu’on appelle un rêve.
On appelle « rêves » ces images et scénarios, ces sensations, émotions, pensées qui viennent dans le sommeil, dans l’état inconscient. Cependant, toutes ces impressions peuvent surgir aussi à l’état conscient, éveillé. On les appelle alors des visions.
Qu’est-ce qui caractérise ces expériences où l’on rêve ?
1) Ce sont des impressions qui sont spontanées, involontaires et naturelles , qui ne sont pas provoquées par un stimuli extérieur matériel. Ce n’est pas le monde conscient qui provoque le rêve.
2) Ensuite, ces phénomènes sont faits objectifs, mais ils sont immatériels, ils ne sont pas palpables, et ils exercent un impact comme s’ils étaient réels, souvent même ils provoquent des émotions intenses et inoubliables.
Pour pouvoir parler correctement des rêves dans la Bible, il est indispensable d’aborder le problème de la traduction.
Les différents livres de la Bible, écrits entre 800 ans avant J.-C. et 200 ans après, ont été en effet rédigés en hébreu, en araméen et en grec. Quels que soient les mots employés dans les textes anciens, il faut se demander :
Quels sont les mots dont les traducteurs disposent en langue française ?
D’où vient le mot rêve ?
Ce mot est neuf, il est apparu récemment il y a 350 ans, à l’époque de Louis XIV, vers 1650. Son origine est mal connue. Le mot viendrait d’une racine qui signifie vagabonder, déraisonner et qui lui donne son sens négatif. Le rêve désigne les scénarios incohérents qui apparaissent quand on dort.
Avant le mot rêve, on employait le mot songe.
Songe vient du latin sommeil, « somnus » ; comme le rêve il désigne ce qui apparaît quand on dort. Cependant, les traducteurs de la Bible en français vont l’employer de préférence. Les songes sont alors les « somnia a Deo missa », les songes envoyés par Dieu aux saints personnages, comme Joseph par exemple.
Cette distinction n’existe ni en anglais, ni en allemand. Ces deux langues ne possèdent qu’un seul mot : dream ou Traum.
Le mot songe possède aussi le sens négatif d’une illusion.
Le mot vision
Quant au mot, il a d’abord désigné dans le vocabulaire religieux « une chose surnaturelle qui apparaît à la vue ».
En général, la vision apparaît quand on est éveillé, à l’état conscient. De nos jours, elle paraît suspecte et on la rapprocherait volontiers du mot hallucination.
Voilà les différents sens de ces 3 mots dont les traducteurs disposent.
Regardons maintenant ce qu’il en est en hébreu et en grec.
Ces distinctions n’existent pas.
En hébreu et en grec, les mots employés sont multiples.
Ils désignent une expérience qui n’est pas provoquée par un stimulus venu du monde matériel. Cette expérience a lieu sans différence, aussi bien dans le sommeil qu’à l’état de veille, et se manifeste par des phénomènes visuels et auditifs : on trouve toujours les verbes : voir, regarder, entendre, écouter, d’un côté, associés aux verbes apparaître, dire, parler, de l’autre.
Par exemple, environ 500 ans avant J.- C., on peut lire dans Job, au ch. 33 :
« Dieu parle cependant, …
Il parle par des rêves, par des visions nocturnes,
Quand les hommes sont livrés à un profond sommeil. »
En fait les deux mots désignent la même expérience où l’on voit.
Ezéchiel, lui, raconte, ch. 8 :
« …comme j’étais assis dans ma maison…la main du Seigneur, de l’Eternel, tomba sur moi.
Je regardai et voici, c’était une figure ayant l’aspect d’un homme. Il me dit…
Ici, la perception a lieu à l’état de veille.
Les mots ne font pas de distinction entre une perception physique et non physique. Ils désignent une expérience spontanée, incontestable et réelle, même si elle n’est pas matérielle, c’est à dire une expérience psychique.
Conclusion
A la différence du français actuel, il n’y a pas de distinction catégorique en hébreu ou en grec entre les différents mots rêve- songe-vision -.
Et même, quand on approfondit l’examen, on constate qu’on ne peut pas faire de différence entre rêve, songe, vision, vision angélique, apparition, révélation, extase, transport en esprit.
En fait ces mots correspondent à la conception que les anciens avaient des rêves. Et c’est ce que nous examineront la prochaine fois.
Illustrations
What dreams may come : Robin Williams et Annabella Sciorra : listal.com
What dreams may come: coffeeandabookchick.com
What dreams may come : tableau de zweeZwyy, zweewyy.deviantart.com
Au delà de nos rêves, Robin Williams : fan-de-cinema.com