LE RÊVE MEDECIN, CH. 4 (04/11/2008)
SŒUR EMMANUELLE SE MASTURBAIT
Sœur Emmanuelle a décidé de faire publier après sa mort son livre « Confessions d’une religieuse ». Elle y raconte qu’elle se masturbait. Les médias se sont emparées de ce récit pour en faire une nouvelle à sensation.
Le matin du 29 octobre 2008, j’ai lu sur Internet que 4193 articles ont déjà été écrits à ce sujet. Les réactions contradictoires se multiplient. Les uns approuvent chaleureusement, les autres réprouvent froidement.
Oui, la masturbation, et surtout la masturbation féminine est un sujet encore tabou.
Regardons d’abord l’origine du mot : il est composé à partir de « manus » : main et de stupratio : action de souiller. Il apparaît dans la langue française en 1580, utilisé par l’écrivain Montaigne. Cependant cette activité n’a pas attendu le XVIème siècle pour être pratiquée. Elle est vielle comme l’être humain. Il s’impose d’évoquer rapidement dans l’antiquité grecque l’école des philosophes cyniques, 500 ans avant J. C. dont le plus célèbre représentant était Diogène, qui fut considéré comme un grand sage.
Ces philosophes préconisaient un retour total à la nature, dénonçaient les conventions et refusaient de se soumettre aux interdits qui relèvent de l’arbitraire social. Pour un Cynique, le plaisir que procure la sexualité est un plaisir naturel, instinctif, qui ne diffère en rien de celui que connaissent les animaux.
On raconte qu’au deuxième siècle après J.C, le médecin philosophe Galien, le plus grand médecin grec avec Hippocrate, disait préférer la masturbation à l’union avec une courtisane.
Il justifiait sa position en expliquant que l’obligation d’une partenaire sexuelle, met l’individu dans la dépendance et par conséquent restreint son autonomie et sa liberté.
La masturbation n’a été condamnée qu’assez récemment dans l’histoire de l’Occident. Le choix du verbe souiller indique bien cette notion de saleté, d’impureté, de péché.
Pourquoi ? Mon propos n’est pas de vous faire l’historique de cette création du plaisir, pour pouvoir répondre à cette question.
Je soulignerai avant tout le nombre de ceux, qui quand-même s’élèvent contre la condamnation de la masturbation et j’aime bien ce propos de Woody Allen :
« Ne te moque pas de la masturbation. C’est faire l’amour avec quelqu’un qu’on aime. »
Dans notre société actuelle, on ne tient compte que du point de vue conscient. On réfléchit, on pense, on analyse selon des normes imposées par des modes, des médias ou la tradition.
Et que fait-on du point de vue de l’inconscient ? On rêve la moitié de sa vie, et l’on ne tient pas compte de ce côté de l’être ? C’est comme si une partie du monde prétendait dominer, gouverner l’autre, en ignorant son existence. Et c’est bien ce qui se passe, le conscient ignore l’inconscient ou prétend le dominer.
Que fait-on de la vie intérieure, la vie des émotions, sensations, ressentis, intuitions ? Que fait-on de la vie instinctive ? Cependant c’est bien là ce dont le rêve s’occupe, de façon à garder l’équilibre entre le conscient et l’inconscient.
Le but de mon blog, c’est de vous présenter le point de vue de l’inconscient. Et puisqu’ aujourd’hui le sujet du plaisir individuel est à l’honneur, il serait bienvenu de savoir si rêve parle de la masturbation ? Et de quelle façon ?
C’est ce que nous allons voir aujourd’hui. Le rêve que je vous présente maintenant est extrait de mon livre "Amour et Sexe dans vos Rêves", aux éditions Trajectoire.
Myriam a atteint la cinquantaine. Elle mène une vie professionnelle dans un milieu difficile, et une vie conjugale très problématique, parfois insupportable : son mari, ravagé par l’alcoolisme, a été mis en incapacité de travail. Elle se sent démunie et bien seule.
Elle reçoit un rêve qui la surprend et qu’elle voudrait bien comprendre. Elle me demande de le lui expliquer. Le voici :
Rêve : La tartelette aux abricots
Je me trouvais à une table, avec une fille qui m’agaçait profondément. Sur la table il y avait une tartelette aux abricots sous cellophane.
Je n’étais pas contente, car la fille se servait en ayant découpé un petit bout de cellophane et en en prenant par en dessous.
Je lui disais d’enlever le papier, de me découper un morceau et d’en offrir aux autres.
Elle me répondait que c’était pour nous. Elle trouvait qu’il n’y avait pas besoin de partager avec d’autres puisque les autres d’ailleurs ne nous en offraient pas non plus.
En se servant, elle a fait tomber des abricots par terre. Je m’attendais à ce qu’elle les ramasse. Eh bien non ! Elle les laisse par terre et ça m’a mise très en colère, car la tarte se trouve dégarnie et c’est une part que, moi, j’avais envie de manger.
Interprétation
Une fille qui m’agaçait profondément
Pour la rêveuse, la fille du rêve a environ une trentaine d’années ; Myriam l’appelle une « fille » parce qu’elle vit seule et indépendante. Cette fille désigne donc Myriam qui, malgré son apparente vie de couple, se trouve dans une profonde et douloureuse solitude.
Sur la table, il y avait une tartelette aux abricots
Voilà une promesse de plaisir avec des fruits dorés, juteux, fondants, qui évoquent, pour Myriam, l’été, les vacances, la détente, le bonheur de vivre.
Qu’est-ce donc que ces promesses de plaisir, quand elle se trouve avec une facette d’elle-même qui vit seule ?
La rêveuse, très gênée, me répond que ce sont les douceurs de la masturbation.
La fille avait découpé un petit bout de cellophane et se servait par en dessous.
Je cherche les associations au sujet de la cellophane qui protège la tartelette. Qu’est-ce qui protège la tartelette ? Qu’est-ce qui se trouve par-dessus des caresses voluptueuses ?
Et que pensez-vous, ami lecteur, de ma situation d’interprète, quand je dois traduire cette image à la rêveuse ? Eh bien ! Je fais mon travail courageusement, honnêtement : j’explique à Myriam que quand elle se sent le besoin de se masturber, elle n’ose pas s’accorder franchement du plaisir. Elle y va par en dessous. Au lieu de poser directement, ouvertement sa main en contact avec son corps, elle la glisse sous son slip. Elle n’ose pas se déshabiller, se mettre à l’aise pour prendre pleinement possession de son sexe et de tous ses trésors de jouissance.
Myriam reconnaît avec une surprise mêlée d’embarras, l’exactitude de cette description. Elle me dit qu’elle me « trouve quand même un peu « gonflée » d’oser dire des trucs pareils. » Cependant, comme elle ne peut en nier l’exactitude, elle l’accepte de bonne grâce.
La fille m’agaçait, je n’étais pas contente
Cette attitude gênée, coincée, manque de naturel et de droiture envers soi-même, et irrite la rêveuse.
Je lui dis d’enlever le papier
Myriam pense qu’il vaudrait mieux être authentique, se consacrer sans fausse retenue à sa sexualité, en prenant son temps, en s’offrant à elle même.
Je lui dis d’en offrir aux autres
Ce serait agréable aussi d’avoir un partenaire avec qui partager cette délicieuse jouissance.
Myriam aimerait faire l’amour avec son mari, elle ne voudrait pas rester seule dans ce moment de célébration du corps, elle voudrait lui donner aussi du plaisir à lui. Elle souffre de sa solitude. Pour elle, le véritable amour, c’est à deux. Cette idée la désole quand elle désire se faire l’amour à elle-même.
La fille me répondait que la tartelette était pour nous. Il n’y avait pas besoin de partager avec d’autres, puisque les autres d’ailleurs ne nous en offraient pas non plus.
La fille, qui vit seule et indépendante, proteste et déclare un autre point de vue. Le plaisir peut être consommé sans partenaire. Et elle justifie cette affirmation en expliquant que les autres, eux, n’offrent rien. En effet, notre rêveuse délaissée, ne reçoit plus d’offre amoureuse de son mari.
Donc, selon le rêve, puisque Myriam ne reçoit rien de son mari, rien ne l’oblige à offrir lui quelque chose.
En se servant, la fille a fait tomber des abricots par terre. Je m’attendais à ce qu’elle les ramasse. Eh bien non ! Elle les laisse par terre et ça me met très en colère, car la tarte se trouve dégarnie et c’est une part que, moi, j’avais envie de manger.
La fin du rêve montre que la rêveuse se caresse mal : quand elle a mis le doigt sur le point sensible, au lieu d’exercer le mouvement, la pression convenable, pff ! elle s’arrête juste quand monte le crescendo du plaisir, elle ne poursuit pas sa caresse, elle laisse tomber, et pire, elle ne ramasse pas les abricots, elle n’y revient pas. Elle ne prend même pas le soin de stimuler le clitoris pour se conduire jusqu’à l’orgasme. Cette rupture fait retomber l’excitation et tout est perdu, bâclé, gâché !
Bref, elle néglige, méprise, gaspille le plaisir qui lui revient et dont elle a besoin. Le rêve lui montre combien c’est irritant. Elle fait d’elle-même une femme frustrée, déçue, elle n’a pas atteint la détente que procure l’orgasme. Elle est en colère contre elle-même, et sur les nerfs. Elle devient nerveuse, tendue, irritable, insatisfaite.
A qui la faute ?
Myriam, en écoutant l’interprétation de son rêve a éclaté de rire, un rire joyeux, tonique, libéré. Son rire m’a fait plaisir et est venu me récompenser de mon interprétation que j’avais menée dans des conditions fort délicates.
Voilà donc un rêve qui conseille à la rêveuse d’assumer sa sexualité féminine. Cela ne veut pas dire se passer d’homme, mais savoir rester équilibrée, puisque l’homme est absent. L’orgasme ne passe pas obligatoirement et forcément par l’activité érotique masculine.
Les rêves traduits par leur interprète vous disent ce que peu osent vous dire. Leurs images prosaïques vous donnent des explications détaillées et adéquates. Ils prennent soin de vous, connaissent vos besoins, vos difficultés, vos soucis et vos peines, ils savent comment vous aider. Ce sont eux les grands thérapeutes.
Un médecin aujourd’hui, ose parler comme les rêves et leur interprète, c’est le Dr Leleu, qui explique les bienfaits du plaisir, en particulier du plaisir clitoridien, il souligne :
Les hautes vertus du plaisir de la caresse clitoridienne
"Le plaisir que procure la caresse clitoridienne console les chagrins. Les femmes le savent bien qui recourent à cette caresse, quand un coup de cafard les atteint. Le plaisir apaise les tensions, l’énervement, le stress. C’est un excellent sédatif et un excellent somnifère. Il confère la bonne humeur. Il stimule l’énergie vitale et la créativité.
Les effets favorables sont à mettre au bénéfice des neurohormones, en particulier des endomorphines, qu’élaborent les centres cérébraux du plaisir : manger du chocolat… écouter de la « belle » musique, s’éclater dans un art ou dans un sport, prier avec transport et… faire l’amour ou se caresser. Dans tous ces actes, la quantité d’endorphines du sang augmente. Dans le plaisir sexuel, non seulement elle croît mais, au moment de l’orgasme, elle atteint des pics inégalés par aucun autre plaisir. Quand vous vous rappellerez les vertus des endorphines, - véritable panacée - , vous aurez compris pourquoi la stimulation du clitoris vous fait tant de bien : ces substances sont antidouleur, antitristesse, anti-angoisse, antistress, euphorisantes et psychostimulantes." (1)
1) La caresse de Vénus, p. 58, Dr Gérard Leleu, éditions LEDUC.S
Serait-ce là le secret du dynamisme de Sœur Emmanuelle ?
Pour quelle raison devrait-on se priver de ce fortifiant naturel ?
Le rêve de Myriam est clair et éloquent. Il lui montre qu’elle a besoin de ce plaisir et qu’elle doit accepter de vivre seule sa sexualité, puisqu’il n’y a plus d’échanges avec son mari malade.
Le rêve est bien le médecin bienveillant qui s’occupe de votre santé et vous donne des conseils individuels, qui s’avèrent être les plus pertinents et les plus sages.
Je reviendrai bientôt vous raconter d’autres rêves à ce même sujet qui viendront chacun apporter un avis nuancé et personnel.
Illustrations
Je remercie les artistes et les photographes, dont les œuvres m’ont permis d’illustrer mon blog.
- Les photos de femmes proviennent de la publicité pour la Lingerie La Perla.
- Midsummer Eve de Sir Edward Robert Hugues
08:34 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : interprétation des rêves, masturbtion, soeur emmanuelle, abricots, dr leleu, clitoris, inconscient
Commentaires
Vous expliquez tout de manière si scompliquée comme si les reves jouaient a cache cahe avec les gens dans un langage parsemés d'embuches et de mysteres indéchiffrables!! Vous intellectualisez le reve à le rendre si compliqué alors qu'il appartient au reveur et non à un interprete quelqconque ou soit-disant spécialiste qui n'a qu'une vision didactique du monde des reves. La vérité est pourtant si simple. Si les reves sont la voie de Dieu, vous croyez que Dieu voudrait qu'on passe le plus clair du temps à ne pas comprendre nos reves? Et avant qu'existe vos savants manuels, comment les gens auraient pu se relier a Doeu?
Écrit par : Midas | 09/11/2008