UN CADEAU INATTENDU (13/04/2010)
Les derniers rêves que vous avez lus étaient difficiles. Certaines d'entre vous ont eu raison de réagir et je les en remercie. Un blog est aussi un lieu d'échanges.
Voilà plusieurs fois que le mot haine apparaît dans mon blog, mettant mal à l'aise plusieurs d'entre vous.
La haine est un mot interdit, négatif, à exclure. Il a pris un sens très restrictif, comme dans l'expression haine raciale, exclusion de l'autre éventuellement par le meurtre.
Cependant, la haine ne se manifeste pas forcément ainsi. Ne pourrait-on pas haïr une situation inadmissible ?
Mais au lieu de discuter avec des idées et des mots, voyons un peu si les rêves, nos images intérieures, parlent de la haine. Quel est leur avis à ce sujet, en dehors de mes interprétations ?
J'ai une amie assez lointaine, Michèle qui habite dans un quartier à problèmes, un quartier à risques. Les mégots, les crachats qu'on lui balance dessus, elle connaît ; les pneus crevés, les vitres de la voiture ou de l'appartement cassées, les cambriolages, elle connaît aussi. Mais c'est là qu'elle vit et elle fait avec.
Une nuit, elle a reçu le rêve que je vous raconterai aujourd'hui. Mais d'abord, voici dans quelles circonstances ce rêve est venu.
Michèle travaille, mais le mercredi, elle reste à la maison pour garder son fils Benjamin, qui a une dizaine d'années. Aujourd'hui, en fin de matinée, elle part faire quelques courses et laisse le jeune garçon seul quelques instants dans l'appartement. Le super marché n'est pas loin.
La voilà qui revient et arrive dans le hall de l'immeuble. Une flopée de gamins devant l'interphone s'envole quand elle arrive.
- Tiens ? Qu'est-ce qu'ils font là ?
Elle monte et entre dans son appartement.
Benjamin est là, livide, décomposé.
Elle se précipite :
- Benjamin, qu'est-ce que t'as?
- Maman, dit l'enfant tremblant, ils étaient tous là, ils ont sonné à la porte, ils m'ont dit :
« Descends, on est tous là, on t'attend, on a des marteaux et des chaînes, on va te tuer ! »
Horreur !
Michèle sent son sang se retourner, le monde se renverser.
La douleur, le désespoir, l'envahissent. La rage, la fureur, la révolte la mordent à vif. Une haine terrible la saisit au ventre.
Une voix hurle en elle :
- Non ! Non ! Ca ne se passera pas comme ça. Je ne laisserai jamais faire ça !
Elle confie son fils à la voisine, ainsi il ne sera pas inquiété pendant son absence. Elle file au commissariat de police, raconte ce qui vient de se passer, demande l'aide d'un policier. Elle veut aller trouver tous les enfants pour leur expliquer que cela ne va pas du tout, mais elle a besoin du soutien de l'ordre public, elle a besoin du soutien d'un homme : dans son quartier, une femme, ça ne vaut rien.
Un policier l'accompagne, il la suit, il est fluet, menu, il ne dit rien, mais il représente l'ordre et la loi.
Aujourd'hui, c'est le 21 juin, la fête de la musique. Il fait beau, tout le monde est dehors.
Michèle n'a pas mangé, elle va partout dans la Zup, elle interroge tout le monde, elle cherche les gamins qui ont promis la mort à son fils.
Elle questionne, recueille les indices, les noms, les adresses. Elle court dans tout le quartier, elle trouve un gamin et puis un autre. Elle les emmène avec elle. Mais non, le policier ne leur fera aucun mal, et elle non plus, elle les emmène chez leur parents, avec eux elle explique aux parents la situation :
« - Mais si des gamins disent ça à dix ans, Madame, à quinze ans, ils tuent et c'est les meurtres dans la Zup.
Vous savez, nous sommes destinés à vivre ensemble, la vie nous a placés dans le même quartier, alors, il faut bien que nous nous entendions ! Sinon, ça va être infernal et sans fin !
Il faut absolument que nos gamins vivent dans la paix. S'il vous plaît, Madame, vous êtes une Maman, nous, les Mamans, nous ne pouvons pas laisser faire ça ! S'il vous plaît, expliquez leur aussi ! »
Les mamans sont stupéfaites, consternées. Les papas aussi, quand ils ont là.
Maintenant il est temps de se retrouver avec Benjamin, de tirer la situation au clair. Benjamin a sûrement fait quelque chose de travers, mais ce n'est pas une raison pour le tuer.
A 8 heures du soir, les gamins sont là, avec Benjamin, chacun s'explique, il y a eu des injures réciproques, des blessures d'amour propre qu'il faut laver, venger.
Mon Dieu ! Que la vie est peu de chose en regard de ces orgueils.
Michèle, gentiment, comprend, explique, et enfin chacun se tend la main et demande pardon. Non, cela ne se reproduira plus, non, on ne va plus se monter pour des vexations. Mon Dieu ! Cela fait partie de la vie quotidienne, on ne va pas pour autant en venir aux mains ou aux armes et tuer !
Les gamins rentrent chez eux, la nuit tombe, l'air est doux, le soleil orange resplendit, ce soir, c'est la fête de la musique.
Pas pour Michèle qui rentre chez elle avec son fils chéri.
Exténuée, elle s'assied.
Où a-t-elle trouvé la force de se démener huit heures durant à travers tout le quartier ?
La douleur, le désespoir, la rage, la haine, la révolte. Maintenant, c'est fini.
Elle dîne avec son fils, parle avec lui, elle l'emmène se coucher, et fait une prière avec lui avant qu'il ne s'endorme.
« Mon Dieu, merci de m'avoir protégé cette journée, s'il te plaît, garde moi, chaque jour, garde et protège ma maman, mon papa, aide moi à respecter mes copains, pour que je m'entende mieux avec eux. »
Michèle se couche à son tour. La nuit, un rêve la visite.
Rêve
Dans son rêve, elle entre dans son bureau.
Sur la droite il y a une petite table devant le mur recouvert de la tenture indienne pourpre, qui représente l'arbre de vie. Elle aime beaucoup cette tenture.
Un homme est assis là. C'est Dieu qui l'attend. Il la regarde quand elle rentre.
- Tiens, lui dit-il, je t'ai préparé un bouquet de fleurs, je te l'ai posé sur ton bureau.
Michèle est émue aux larmes :
Quoi ! Dieu lui a préparé un bouquet ? Pour elle ? Il a pensé à elle, spécialement ?
Il y a quelques années, elle avait lu dans le livre de Christiane Riedel « Rêves à Vivre », le récit de ce rêve où le Père préparait une fleur pour sa fille, mais il lui disait qu'elle devait encore attendre pour l'avoir. Eh bien, pour elle, Michèle, le bouquet est prêt ! Quelle délicate attention !
Et Dieu poursuit :
- Tu peux choisir une fleur dans ce bouquet, elle est pour toi, je te la donne.
Dans le joli vase sur le bureau, Michèle choisit une fleur.
Et l'ombre la nuit s'étend, veloutée et bienfaisante.
Au matin Michèle se réveille :
- Ma fleur ! Oh ! Dieu m'a donné une fleur ! Mais quelle fleur ?
Elle va prendre son herbier dans sa bibliothèque et cherche si la fleur du rêve s'y trouve.
Mais oui !
La voilà, cette même fleur, une fleur de feu, une marguerite aux pétales rouges et jaunes, une fleur vivace, c'est une gaillarde !
Quel baume ! Quelle bénédiction ! Dieu lui décerne le titre de gaillarde ! C'est la marque, le souvenir de l'approbation, de l'affection que Dieu lui donne après cette journée où, mordue par la douleur et la haine, elle s'est battue par amour pour son fils, par amour pour les autres, par amour pour la vie, contre une situation intolérable.
Illustrations
je remercie les photographes et les artistes dont les oeuvres m'ont permis d'illustrer mon blog.
Visage de femme : http:/www.us.123rf.com
Hall d'immeuble : http://upload.wilimedia.org
Oiseaux en vol : http://www.lepolina.com
Dessin noir : http://wallpapaer-wibweb.info
Zup et cathédrale : Couverture du livre « Rouge sang » : http://www.librairiepantoute.com
Rouge orange et noir : taches-et-couleurs
Police :http://medias.lepost.fr
Policier :http://img-zigoret.com
Journée de la musique :http://lesmemes.free.fr
Enfants :http://uchaud.blog-midilibre.com
Zup :http://cd.imggg.v4.skyrock.net
Zup : http://www.geographie-geomatique
Meurtriers à quinze ans :http://ffsalgerie.unblog.fr
Femme : http://www.courrierahuntsic.com
Femme : http://www.intal.be
Homme :http://photoparismatch.com
Femme : http://www.plumedepresse.net
Coucher de soleil :vues du ciel. free
Visage aux fleurs :http://www.magazine-avantages.fr
Coin de bureau : http://lejardindeclair.blogs-marieclairemaison.com
Arbre de vie : http://www.laetitiabourget.org
Bouquet de fleurs : raf.photos.blogspot.com
La reine de la nuit : Detail du décor peint par l'artiste allemand Schinkel pour l'opéra de Mozart « La Flûte enchantée » 1791
Gaillarde : http://www.mdecg54.fr
Gaillardes : h.m.jardinoise.com
Gaillarde :http://a31.idata.over-blog.com
16:33 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : interprétation des rêves, christiane riedel, amour et haine, gaillarde, zup
Commentaires
Bonjour,
Je voudrais partager avec vous la phrase qui a conclue une émission consacrée aux gens qui se détestent cordialement à la première rencontre pour ensuite tomber amoureux et se marier, une phrase de La Rochefoucault je crois, (mais n'en suis plus sûre), et qui dit : "Haïr, c'est sentir son âme chaude et généreuse"
Écrit par : aline | 16/04/2010
Merci, Aline, pour cette citation si bienvenue.
Une âme chaude, ce n'est pas une âme tiède et molle. C'est une âme qui connait la passion et le feu qui donne l'assurance de la justesse de son choix, l'énergie pour agir, la patience pour persévérer, l'endurance pour supporter les épreuves jusqu'à la réussite.
Je redonne ici cette belle citation qui concorde avec la vôtre:
" C'est le propre d'une âme bien née de haïr la cruauté, l'ingratitude, la lâcheté, la bassesse, tout ce qui révolte nos sentiments d'humanité et d'honneur."
Bien à vous
Christiane
Écrit par : Christiane Riedel | 16/04/2010
je vous remercie pour les informations. Je m’offre la liberté de twitter ce lien. Je repasserai lire vos billets avec grand plaisir sur votre blog et je l’ajoute à mes favoris.
Écrit par : mutuelle animal | 16/04/2012
Bonjour Mutuelle,
je vous remercie de venir régulièrement me dire que vous appréciez mes billets. Cela me fait toujours très plaisir.
Bien sûr, vous pouvez déposer mes billets sur Twitter ou Facebook ou encore ailleurs. Je ne sais pas le faire et il faudrait vraiment que je m'y mette.
A bientôt amicalement
Christiane
Écrit par : Christiane Riedel | 17/04/2012