ELLE A GAGNE LE GROS LOT, CH 5 (10/11/2007)
LE GROS LOT
Observer des faits, réfléchir à leur sujet, voilà ce que je cherche à faire en accueillant les rêves.
Les faits sont les rêves, faits réels, objectifs, autonomes.
La réflexion, c’est l’étude, l’analyse et l’interprétation des images, qui permettent de les traduire, les transposer au niveau humain, dans la vie quotidienne.
C’est ainsi que l’on découvre et suit la voie des rêves.
Eléonore s’est engagée sur cette voie, elle ajoute à sa vie les informations qui lui viennent de l’inconscient et en tient compte. Vous voyez les transformations qui s’en suivent. Je vous ai montré, la dernière fois, combien cette voie semblait paradoxale.
Jung, à la fin de sa vie, le dit clairement à ses élèves :
« La voie est ineffable. On ne peut, on ne doit pas la trahir ; elle est semblable à la voie du Zen, et elle est comme le fil du rasoir et ondule comme un serpent.
Il faut de la foi, du courage, une honnêteté et une patience sans fin. » (1)
C’est bien là aussi ce dont notre amie Eléonore commence à faire l’expérience.
De nuit en nuit, elle continue à recevoir de petits rêves qui la laissent toujours perplexe et déroutée. De nuit en nuit, il est arrivé qu’elle a retrouvé Sébastien, exactement comme les rêves l’avaient décrit.
Aujourd’hui, c’est moi qui lui téléphone pour lui demander de vérifier si l’exposé que je vais faire sur son rêve lui convient, avant que je le publie sur mon blog. Je veux être sûre qu’elle est d’accord pour le texte, comme pour les images. Et c’est ainsi qu’au cours de notre entretien, Eléonore me confie :
Rêve :
- Christiane, j’ai rêvé cette nuit que j’avais gagné le gros lot au loto, j’avais gagné 5 millions !-
- Wouhaa !
Interprétation-
J’en ai parlé avec ma fille, me dit la rêveuse. Je pense que le rêve est en rapport avec le fait que j’ai exposé mes tableaux.
Je vais sans doute réussir à les vendre.
- Vous croyez que c’est le sens de votre rêve ?
- Je ne sais pas.
- Attendez, regardons un peu.
Le loto
Eléonore m’explique :
- Le loto, c’est un jeu de hasard, le jeu du sort, de la fortune. J’achète un ticket avec toutes sortes de numéros. Je choisis certains numéros que je coche. Je dois essayer de trouver la bonne combinaison, la combinaison gagnante. Et quand la roue de la fortune a tourné, si j’ai les bons numéros, la bonne combinaison, j’ai gagné au loto et ce peut être d’énormes sommes.
C’est le nom de la divinité « Fortuna », qui a donné le nom fortune. Elle était la déesse qui préside aux hasards de la vie. Le sort, c’est aussi le destin.
Je demande alors à notre amie :
- Actuellement, où est-ce que dans votre vie, en ce moment, vous jouez, il peut même être question de sort, de destin, et vous essayez de gagner ?
- Là où mon destin se joue, c’est avec Sébastien. J’essaie de le gagner !
- Qu’est-ce que c’est alors, choisir certains numéros, trouver la bonne combinaison ?
- Est-ce que ces numéros, ce ne serait pas les différentes attitudes, les comportements conseillés par les rêves ? Et la bonne combinaison, ce serait alors le fait d’avoir su les combiner les uns avec les autres ? Ecoutez, franchement, Christiane, les rêves, dernièrement, m’ont bien amenée à combiner divers comportements, et ce n’était pas facile. Ca, je peux le dire.
Quand on songe aux péripéties de son histoire, Eléonore a raison. Elle a su prendre plusieurs attitudes, qui combinées les unes aux autres ont donné la solution adéquate.
Mais pourquoi est-ce précisément 5 millions ?
- 5 millions, c’est peut être Sébastien s’écrie l’amoureuse !
- Attendez ! C’est possible, mais avant de l’affirmer, il faut regarder le chiffre 5. Pourquoi 5 ?
5 millions
Pourquoi le rêve choisit-il le chiffre 5 ? Et pourquoi des millions ?
Les millions
Commençons par les millions : quand le rêve emploie des centaines, des milliers, des millions, il indique souvent par là la valeur importante de ce qui est en jeu.
Le 5
Quelques explications préalables:
On pourrait interpréter ce chiffre de différentes manières. Les connaissances en numérologie ou en symbolisme des nombres fourniraient d’amples explications.
Pour ma part, j’ai constaté que très souvent, de façon surprenante, c’était le Yi King, qui fournissait la solution.
Le Yi King ? Qu’est-ce que c’est ? C’est le livre oraculaire chinois, que Jung a fait connaître à l’Occident. Ce livre est composé de 64 chapitres, qui décrivent l’ensemble des expériences humaines, chacun correspondant à un vécu précis.
C’est le missionnaire allemand Richard Wilhelm, qui, au début du XXème siècle a traduit le livre en allemand. Puis, revenant de Chine, il l’a fait connaître à son ami Jung, qui en a vu toute la valeur. Le Yi King a été ensuite traduit en français particulièrement par Etienne Perrot, fils spirituel et traducteur de Jung, interprète de rêves et écrivain, dont j’ai été l’élève. Puis sa traduction du Yi King a été reprise et de très nombreux commentateurs en ont donné leur interprétation. Je retiendrai surtout la traduction très fouillée de Cyril Javary.
Son élève, Nathalie Chassériau en a fait, chez Hachette, une présentation claire, pratique et très utile.
Il existe par exemple aussi «Le Yi King des managers » de Damian Knight, à la librairie Médicis, qui fournit des éclairages très intéressants et pertinents.
Tous ces livres se complètent les uns les autres.
Pour ma part, il me semble indispensable de consulter d’abord le Yi King traduit par Etienne Perrot, de réfléchir à la réponse, puis de compléter ensuite avec d’autres présentations.
Je ne saurais trop vous recommander de découvrir et pratiquer le Yi King. C’est une aventure, une aventure intérieure, qui rejoint l’aventure spirituelle des rêves.
De façon étonnante, le Yi King est entré dans l’inconscient occidental.
J’en ai fait moi-même l’expérience en 1985, avec un rêve où apparaissait 2 chiffres : 60 et 41. Pendant un an, j’ai cherché dans tout Berlin, où j’habitais alors. J’ai consulté une quinzaine de psy, des psy freudiens, jungiens, des psy de l’école de la Gestalt. Aucun n’a été capable d’interpréter mon rêve et ces deux chiffres.
En désespoir de cause, j’ai écrit en France à Etienne Perrot, qui, par retour du courrier, m’a répondu et donné la solution, grâce au Yi King, dont il était le traducteur. J’ai été bouleversée.
Je ne connaissais rien du Yi King, et pourtant, c’était lui seul qui possédait la clé et révélait le sens de mon rêve. Je l’ai raconté dans « Rêves à Vivre ».
Depuis, je vérifie quotidiennement la validité du Yi King pour interpréter les chiffres dans les rêves, tout en tenant compte, en premier lieu, des associations du rêveur, bien sûr !
Mais revenons au 5. Que propose le Yi King ?
Le chapitre 5 s’appelle « L’ATTENTE ». Voici ce qu’on peut y lire.
« Quand les nuages montent dans le ciel, c’est le signe qu’il va pleuvoir.… Cette pluie viendra à son heure. On ne peut la faire venir de force, mais il faut l’attendre… La force ne se précipite pas mais sait attendre, tandis que la faiblesse tombe dans l’agitation et n’a pas la patience d’attendre. …
Il ne reste alors plus rien à faire que d’ATTENDRE que la pluie tombe…
Il en est de même dans la vie quand un destin se prépare. Lorsque les temps ne sont pas encore accomplis, on ne doit pas se mettre en souci et s’efforcer de façonner l’avenir par son activité et son intervention propre, mais il convient de rassembler paisiblement ses forces en mangeant et buvant, pour ce qui est du corps, et en étant de bonne humeur, pour ce qui concerne l’esprit. Le destin vient de lui -même et alors on est prêt. »
Cette situation d’attente est bien celle d’Eléonore. Elle a fait tout ce qu’elle pouvait pour retrouver Sébastien, elle est entrée dans un tango, où dans la souplesse et dans le rythme, elle a avancée et reculé, elle s’est mise en vedette puis en retraite. Elle a ainsi combiné plusieurs figures.
Savoir attendre, patience, endurance. Eléonore a déjà entendu ces mots quand je lui a expliqué l’image de son amie Anne, la patiente, qui revenait tout le temps dans ses rêves.
Et maintenant, elle a gagné 5 millions ! Qu’est-ce que ça veut dire ? Voilà ce que le rêve lui révèle :
Elle s’est enrichie des qualités de persévérance, d’endurance, de patience.
Elle a appris le laisser-faire, le non agir. Elle appris que la vie possédait un cours et une sagesse dans lesquels il était sot d’intervenir de façon intempestive. Les visions conscientes du moi s’affolent, s’impatientent et cherchent à obtenir immédiatement satisfaction. Mais la frustration est une grande maîtresse dans la vie. C’est elle qui permet de passer par un pire pour aller dans un meilleur. Avec la frustration se développe l’art de la maturité, la plus grande qualité de l’âme, la patience, la fleur de l’âme.
Voilà ce qu’Eléonore, en parcourant son épreuve, a gagné.
Citations :
(1) Jung parle, p.282, éditions Buchet Chastel, 1985
(2) Yi King, p. 43, traduction en allemand : Richard Wilhelm ; traduction en français : Etienne Perrot, éditions de la librairie Médicis, 1973
Illustrations :
Je remercie les photographes et les artistes qui m’ont permis d’illustrer mon blog
Photo d’Etienne Perrot
17:10 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christiane riedel, rêves, interprétation, Yi King, Etienne Perrot